Étienne

La Chapelle-en-Vercors (Massif du Vercors)

5 septembre 2011

Prononcez: Étienne.

Hier, journée de repos à Grenoble. Il a plu cette nuit et les orages menacent… Je me lève tôt et je vais flâner en ville.

Au centre-ville, près d’un parc avec une tour dédiée à la Houille blanche (ça s’invente pas), il y a un terrain de sport ou il y a de l’animation. C’est en fait journée de course (dans le sens de) ce dimanche à Grenoble avec un lion mascotte et un animateur volubile.

Mais ce qui m’intéresse le plus, c’est un aréna en béton, extérieur, où il y a des parties de vélo polo (ou polo vélo comme ça vous dit).

Marc, un de mes copains de Gatineau (j’ai plusieurs copains à Gatineau…), joue aussi, et il m’avait expliqué en quoi cela consiste.

En gros, c’est comme le polo avec le cheval mais vous avez un vélo.

Quand Marc m’en parlait, j’étais déjà impressionné. Mais ce que je vois pendant une heure est vraiment ahurissant: les gars (et la fille) sont des as du vélo, mettent rarement pied à terre et frappe la baballe avec aplomb.

Tout cela est géré anarchiquement (c’est-à-dire qu’une partie dure 15 minutes, et que si tu veux jouer la prochaine, tu lance ton maillet au bout des 15 minutes, en plein milieu de l’arène, et quelqu’un prend tout les maillets, les mets derrière son dos, les mélanges, et les lance, un après l’autre, d’un côté puis de l’autre. Cela constitue aléatoirement les deux équipes. Et s’il reste des maillets, ben ce ou ces personnes ne jouent pas cette fois-là).

Et hop, la partie commence.

Je flâne, je flâne et je découvre la vieille ville. C’est beau, etc.

Je dois trouver des provisions pour demain (la montée du Vercors). Par hasard, je tombe sur l’équivalent du marché Atwater. J’y trouve tout ce qu’il me faut (je vous rappelle qu’on est dimanche…). En fait, je trouve un peu plus: la fille qui me sert mon humus devine en moi un Canadien. Elle me parle de son neveu à Montréal, de la communauté de Grenoble établie à Montréal (elle a vraiment insisté sur cette communauté très spécifique: qui la connait?), que Grenoble est l’une des villes les plus polluées d’Europe (comme Athènes, elle est dans une cuve) et finalement, elle me fait une réduction de 10% sur mes achats.

Je commence à aimer mon accent. Je quitte le marché, bien équipé pour affronter la montagne.

J’écris dans un parc où j’ai accès à internet et sous le couvert d’un pavillon (il pleut).

Il arrête de pleuvoir et je vais au cinoche.

J’ai vu « Tu seras mon fils ». Sans être extraordinaire, c’est un bon film. L’acteur qui joue le père est vraiment excellent (beau personnage evil…). Et ceux et celles qui trippent sur le vin doivent voir ce film.

J’ai vu aussi une pub de Microsoft qui montre, en gros, que cette année, votre enfant va mieux réussir à l’école grâce à la suite Office. L’enfant de 10 ans fait une présentation à ses collègues qui pleurent de joie tellement (pour vrai, les larmes coulent…) c’est bon, et intéressant et blablabla. Je me retient de pas me faire hara-kiri sur le champs.

Il pleut, et je vais manger au resto asiatique. Pas cher et au chaud et au sec.

Je rentre au camping sous la pluie.

Il pleut fort toute la nuit, ou presque.

Ce matin, il arrête de pleuvoir. Il y aura des nuages toute la journée, quelques percées de soleil, et pas de pluie. Une belle journée pour grimper.

Je petit déjeune dans un parc, de fromage et pain baguette au levain (j’ai demander à la fille de la boulangerie un pain entier… Que dalle! Pain complet? Que dalle! Pain brun? Que dalle! J’ai fini par lui lui demander un pain pas blanc. Ahhhhhh, là elle a compris).

Et hop. En avant l’ascension (dans le sens de).

Et ben, elle est raide.

Et longue.

Mais je monte, je monte.

Les paysages sont beaux, etc.

Grenoble, vue d'assez haut...

Je passe un premier col (tout le monde a remarqué le mot « premier »).

La vallée, les nuages, blablabla...

 

Je descend dans la vallée… Et je trouve la route barrée. Là, j’ai un début de panique…

Dans la vallée, en haut, de Dana, nadnandnan...

Un monsieur est là, juste à l’extérieur de sa maison. J’en profite pour lui demander de l’eau.

On discute, entre autre de son fils qui est venu 10 jours au Canada (de Tadoussac au chute du Niagara, la traditionnelle quoi). Il a construit sa maison… Il en est fier, avec raison. Il vient de Toulon, me parle que dans le sud, il plus de gens… Et des gens « autres ». Surtout à Marseilles.

Sur les entre faits, son fils arrive, on rediscute du Canada. Son fils s’y est bien éclaté. Le monsieur me donne de l’eau et on parle de la route.

Elle est barrée. Mais bon, une route barrée pour voiture, elle n’est pas nécessairement barrée pour les vélos. En fait, elle est rarement barrée pour les vélo (depuis le 15 juillet, c’est arrivé une seule fois qu’un route barrée l’était vraiment pour tout le monde. Les autres fois, on arrivaient à passer quand même…)

J’explique ce fait à mes deux interlocuteurs.

Là, ils rigolent. Ils m’expliquent que la ville est en train de nettoyer la falaise. Et que pour ce faire, elle fait tomber, sur la route, les roches lousses. Je leur dit que j’ai un casque. Le jeune me dit que mon casque, il peut arrêter des petites pierres, mais pas les grandes comme cela (et il écarte les bras très grands).

On rigole.

Ils me proposent alors de prendre un léger détour, mais qui monte en tabarouette (comme a toujours dit mon père).

Le fils insiste: il y a 30 ou 40 mètres où ça monte terrible. Mais oui, mais oui… Je viens de monter un col, là…

On se laisse.

Et je monte la terrible côte.

Bon, c’était pas 30 ou 40 mètres mais plutôt 150. Je sais pas le pourcentage, mais j’ai eu le malheur d’arrêter en plain milieu pour cause d’essoufflement… J’ai pas pu repartir. J’ai fais les derniers 30 mètres à pied…

Je me suis arrêté sur le terrain d’une maison privée qui avait vraiment tout pour plaire à un cycliste affamé qui doit faire sécher un paquet de choses… Le proprio est arrivé une vingtaine de minutes plus tard… Il ne s’est par formalisé de mon installation. On a parlé du Canada et aussi de De Gaulle au Québec (tient, ça change!).

Je repars et je remonte…

Je monte avec un certain élan et, tout à coup, on me crie de derrière « Arrêtez-vous ici, c’est très beau! »

Et c’est Étienne.

Je m’arrête et c’est beau… Plus l’aspect historique sur la Résistance dans le Vercors…

Même les communes françaises peuvent avoir une médaille... Sacré français républicains...

La paysage qu'Étienne tenait à ce que je savoure...

Un des villages entièrement détruits par les Allemands lors de l'offensive de juillet 1944 dans le Vercors contre les "terroristes" français... Étienne rajoutera qu'il y a trente ans, les Allemands en voyage dans le Vercors se faisaient tirer littéralement des roches. Même de nos jours, les Allemands hésitent à y venir...

Étienne est un cycliste un peu beaucoup original. Il a une collection de vieux vélo, et de vélo cheap. Et c’est avec cela qu’il roule. Et il roule bien.

Étienne et son vélo à 20 euro...

Il a cassé son dérailleur avant hier. Il utilise donc seulement son deuxième plateau avant... Et il roule...

Il m’explique l’ABC du Vercors, quoi voir, comment est la route et etc. Il tente de me convaincre de rester dans le Vercors au moins une nuit. Mais je veux pas faire du camping en montagne alors qu’il annonce 6 degré cette nuit et que j’ai encore quelques trucs humides…

Puis, il repart, dans le même direction que moi, alors que je reste faire sécher mes choses.

Je repars aussi.

Étienne m’a parlé de deux kilomètres de montée assez solide à venir.

Il n’avait pas tord.

Mais bon, je l’ai monté. L’honneur est sauf.

Et je suis arrivé à mon second col de la journée (tout le monde a bien lu « second »?).

Sans commentaire...

Là, je commence a fatiguer un peu. À l’office touristique de montagne, on avait calculé 60 kilo. Je me suis dit 70. Je suis rendu à 35, et j’ai pas beaucoup avancé (horizontalement, bien entendu).

 

Cette photo devient malheureusement historique à partir d'aujourd'hui... En effet, après cette photo, j'ai laissé les deux mimis en place... Je m'en suis aperçu 30 kilo plus tard, et 400 mètres plus bas... Je n'ai pas eu le courage de revenir les chercher... Ils avaient l'air heureux, en haut du Vercors, non? Snif snif...

Je finis par redescendre dans une vallée, pour arriver dans un village où je compte m’arrêter pour y trouver un petit encas. Étienne est là, sur le bord de la fontaine.

On rediscute.

On parle du couple de 60-70 ans, qu’on a croisé en descendant, ou du vieux avec la barbe blanche qu’on a croisé dans la vallée. Ce bonhomme-là, Étienne l’a vu ce matin. En shape, le bonhomme.

Je partage du chocolat aux éclats de cacao avec Étienne.

Il me parle d’un gite, à Chapelle-sur-Vercors. Une quinzaine d’euro. Parce que si je continu mon plan initial, je vais devoir repasser un troisième col (tout le monde gnagnagna…). C’est faisable, mais bon, je vais arriver un peu tard à Die.

Chapelle, à 10 km de notre pause, n’est pas tout-à-fait sur ma route, mais bon, il m’offre de faire route ensemble. Et comme je n’ai pas encore essayé les gites, je perds rien.

Étienne est très sympa. Allez hop, je suis à la fois son conseil et lui, en vélo.

Bon, Étienne a oublié de me dire que Chapelle, c’était une petite montée. Une de plus.

Arrivée là, j’ai fais 70 kilo. La dame de l’office touristique (parce que le gite d’Étienne est fermé) est un peu impressionnée de savoir que j’arrive de Grenoble… Elle me trouve un gite, tout proche.

Allez hop, on essaie!

Étienne m’accompagne pour voir ce que cela à l’air.

C’est un gite qui peut accueillir 48 personnes: on va être 6 ce soir. Il y a cuisine et tout.

Le proprio est lui aussi, ultra sympa: décidément, c’est ma journée sociale.

Étienne doit reprendre la route. Il m’aurait offert de rester dans sa maison familiale, mais il repart demain pour Paris. On a parlé d’un paquet de choses, dont les voyages (il fait du vélo en Thaïlande, traînant sa raquette de badminton), et le vélo. Il est vraiment intéressant. Ah oui: il joue au badminton. Comme JF.  Mais il y a quand même une différence: il est pas habillé en orange… Par contre, il a déjà fait une semaine de vélo avec 5 euro par jour en France. Hou, coup dur pour notre célèbre Voyageur cheap! Parmi ces trucs, celui de faire du camping sauvage en passant, avant, par le camping municipal avant 18H00 (avant l’arrivé du préposé).  Au camping, il prend sa douche, et le quitte pour aller camper, ailleurs, gratuitement.

Il y a aussi le truc du cimetière: dans tout les cimetières, il y a de l’eau potable. On peut donc s’y laver…

Bref, on se quitte en échangeant nos adresses. S’il vient au Canada, on ira faire du vélo dans les Appalaches… Lui, ben il a un peu de place à Paris, dans son appart, parmi sa collection de vélo.

Je parle aussi avec le proprio du gite. Il me dit d’aller me chercher les célèbres raviolle du pays. Il me fournit la base de poulet pour les faire cuire, me dit quoi acheter bref, il me donne sa recette.

On parle de tout (genre, des cellulaires et des ados, ou de la vie dans le Vercors etc) et il me donne le goût d’amener une gang de jeunes ici. Vraiment. J’ai l’idée d’un voyage pédagogique dont le thème serait « La guerre en Europe à travers les âges »: du donjon aux forteresses de Vauban, en passant par les forteresses du XIXième siècle, les tranchées de la grande guerre, de la ligne Maginot en finissant par la Résistance dans le Vercors et le musée des avions de chasse… On pourrait rajouter des visites de grottes et de la rando.

Hum… Ça me donne le goût d’écrire ce projet pour le CDM…

Je fais les emplettes comme m’a indiqué le proprio, je m’installe dehors pour écrire, un couple avec un ado de 12 ans arrivent, on parle de tout (de l’internat tout prêt qui offre un programme de sport, dans le Vercors, mais non compétitif, on parle de la France, des Cévènes et de leur futur voyage au Canada et etc). Très sympa… Ils habitent l’Ardèche…

Je me prépare à bouffer, en sirotant un litre de cidre de Normandie à 2 euro la bouteille.

"Ma" cuisine en action pour faire les fameux raviolles du pays... Très bon d'ailleurs!

Pour demain, ben je pense que je vais me farcir deux ou trois cols avant de redescendre à Die.

Histoire de rendre jaloux JF. Et Hugo. Et Fred (moins sûr, là…).

Est-ce que j’ai déjà mentionné que c’était un voyage intense?

 

Syl

PS: Pour répondre à PGL. Oui, j’ai aussi cette peur de voyager seul. Mais encore une fois, le blogue m’aide, j’ai 44 ans, et aussi, ben il y a le vélo qui en en soit une activité. Pas beaucoup le temps de m’ennuyer quand je monte un col. Mettons qu’une journée comme aujourd’hui, y’a pas d’ennui. Hier, à flâner à Grenoble, un dimanche, avec quelques averses, c’était plus morose. Si, depuis deux mois, je faisais du Grenoble comme hier, je serais déjà revenu.

C’est polka (dans le sens de)!

Commentaires (9)

sol5 septembre 2011 à 6:40 pm

J’ai mon petit cœur tout triste quand même pour les minis.
Je les aimais gros moi. Et je les voyais déjà en photo devant un gros bouddha.
Qui sait, peut-être qu’ils seront adoptés par une gentille famille.
Sinon, en effet, il y a des endroits plus triste pour finir sa vie de toutou.

PG Luneau5 septembre 2011 à 10:49 pm

J’ai versé une larme, pour les mimis… mais je vois que Soso relativise bien!!

Pour ce qui est de ma propre fin de voyage, ma dernière semaine en solo qui m’avait mis à terre moralement, j’avoue que la météo avait été à l’averse presque tout le temps!! C’est vrai que j’étais en Bretagne et en Normandie… et y pleut beaucoup, dans le Nord!!

syl7 septembre 2011 à 6:44 am

@ PGL: Moi aussi, la température peut m’affecter grandement, surtout en vélo camping… D’o<u le sud de la France… J'ai même un plan B: un traversier pour la Corse…

Christian6 septembre 2011 à 7:15 am

CANADIEN! Pour 10% de rabais (seulement), tu es un simple Canadian maintenant!?!
Il fut un temps ou le Quebec coulait dans tes veines… Faut croire que c’est du camembert et des ravioles qui ont pris la place de ton noble sang! Le manque d’oxygene et les cameos cols t’affectent grandement (pauvre minis)…

Je savais Pauline Marois a terre, mais maintenant elle se retourne dans sa tombe!

syl7 septembre 2011 à 6:48 am

Ouan, bon, Canadien ou Québecois, je me sens n’y l’un, ni l’autre depuis quelques années… Mais les Français disent spontanément »2Canadien » et je vais pas me battre pour un nom… Eh oui, on change. Je suis toujours partisan du « small is beautiful » mais je ne suis plus nationaliste… Je vous expliquerais en revenant, si vous voulez…

Fred6 septembre 2011 à 8:05 am

Sur que j’envie les cols!
Et le voyage tout seul aussi!
Ca me rapel dans le temps que je ne voyagais que seul.
Quel plaisir.
Non pas que je n’ai pas tres apprecié votre compagnie a JF et toi. 😉

Micheline et Francois8 septembre 2011 à 5:58 pm

Il ne pleut pas en Bretagne dixit les amis bretons que nous y avons IL BRUINE mais ça mouille autant et souvent! Sol est bien courageuse devant la perte des « minis » si je m’appelais Syl je réfléchirais beaucoup à un petit régalo! Syl n’est pas québécois ni canadian ni péquiste ni … Il plane dans l’air éthéré des montagnes mais qu’est-il donc devenu ce grand chevelu adorable? On a bien hâte de t’entendre. Nous avons un peu de retard pour les commentaires mais la route demande beaucoup de concentration comme tu le sais si bien! En attendant Y garde R et T et bonne continuation XXX

syl9 septembre 2011 à 2:54 pm

@ Micheline et François:R et T??

Franc14 octobre 2011 à 12:03 am

Plus nationaliste? C’est ton frère qui va t’embrasser à ton retour ! J’viens pas d’aider là hein?


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