Je voudrais voir la mer…

Grenoble (Savoie)

3 septembre (soir)

Peu de chose à dire sur ma « première » journée seule… Un 65 kilo, en suivant le lac alpin Bourget, en montant quelques côtes, en les descendants aussi. Les pieds dans le lac, une belle température, de magnifiques paysages, de beaux villages, etc..

Même Chambéry avait de beaux attraits, pour une ville industrielle.

Le camping de Challes-Les-Bains est à 6 euro (yé) il a tout les attraits pour me permettre une belle pause d’après-midi: lecture, écriture, internet (gratos). J’ai même parlé à un français qui fait du vélo camping, mais avec sac à dos. Il trouvait que mes sacoches de côtés étaient une bonne idée…

Ce matin, c’est un peu brumeux mais bizarrement chaud. Le soleil sera absent aujourd’hui, mais il ne tombera que quelques gouttes de pluies en fin de journée.

Mon objectif est de m’établir deux jours à Grenoble. C’est la fin de semaine, le dimanche, tout est fermé (sauf dans les grandes villes) et cela sera, je crois, mon 6ième jour sans vélo depuis le 15 juillet.

Je pars donc de très bonne heure (7H30, je suis sur mon vélo) et en route. J’ai une carte relativement bonne (et gratos) qui me guide.

On m’avait avertit que les pistes cyclables étaient relativement rares dans le coin. Je n’y ait pas cru. De plus, ma carte m’indique (enfin, j’interprète que) le centre de Grenoble est à flanc de montagne (ce qui est faux…). J’essaie, toute la journée, de suivre une piste cyclable et de rester en hauteur. Je monte deux fois des collines pour rien, je me ramasse à côté d’une autoroute sur une mauvaise route, bref, je dois avoir fait 10 à 15 de « trop ».

Bah, cela m’a permis de commencer ma « collection » de bâtisses médiévales pour ma prochaine campagne. Pleins d’idées là…

Un bel exemple de bâtisse médiévale...

Et puis, j’ai croisé la route d’un agriculteur qui vendait ses fruits et légumes dans un kiosque, au bord de la route. Je pense que cela fait au moins trois semaines que j’ai pas vu cela. En Roumanie, il y en avait deux par coin de rue. Depuis, c’est tragique… Ils ont disparus. Il y en a bien plus en campagne québécoise… J’en profite donc: je lui demande ses meilleurs fruits. Il comprend visiblement pas mon accent. Bah, il mentionne ses poires et je lui en prend trois, au prix de 24 centimes… Et elles sont excellente! Je suis tout de bonne humeur…

Les paysages sont beaux, blablabla...Mais vraiment beaux, balblabla...

J’arrive relativement de bonne heure à l’office touristique de Grenoble. On m’indique le camping, ce qu’il y a à faire en fin de semaine à Grenoble et surtout, on m’indique un office touristique de montagne tout près.

En effet, mon plan stratégique devient de plus en plus clair: je veux aller à la mer. En Camargue. Nostalgie (Sol et moi y sommes allé en 92). Mais aussi besoin d’être à un endroit pour une semaine, dix jours peut-être, un endroit stable. Et cet endroit, s’il m’est familier, risque d’être encore plus plaisant.

Et la Camargue, wow!

Pour y aller, je veux passer par Montélimar: pas parce que Sol et moi y sommes allé en 92, mais parce qu’on a manqué le Musée de l’avion de chasse européen

J’ai trois possibilités: passer par les Alpes (méchant détour), passer par le plateau du Vercors ou suivre l’Isère. Mais l’Isère remonte vers le nord avant de revenir vers le sud, et passe par Valence, une autre grande ville. De plus, cela m’amène dans les plaines du Rhône très vite…

D’où, l’option du Vercors. Mais est-ce praticable?

Le gars de l’office de montagne me sourit. Bien sûr, que c’est faisable.

Une montée de 1000 mètres environ, je vais suivre un défilé incroyable avec la route à 200 mètres de haut, creusée dans la falaise. De là, Valence. Cet itinéraire, c’était mon idée.

Il me propose de couper la route de la falaise pour continuer sur le plateau du Vercors et de le traversé du nord au sud. Il me jure que je vais complètement capoter (mes jambes aussi…).

De plus, j’arrive, dans ce cas, dans la région du Drome (jamais entendu parlé) et ils ont un vin très spécial, hallucinant. Le tout après avoir passer un col…

OK, OK, n’en jeté plus, la cours est pleine! Je me lance.

Ce lundi, pendant que vous dormez, je vais grimper. Et il me dit que je grimpe seulement pendant une dizaine de kilo (donc, la pente risque d’être autour de 10%…). Je pense plus que je vais monter pendant 20 kilo, mais les 5 premiers vont être difficiles. De plus, sur le plateau, il y a des villages, mais peu ou pas de commerce. Ça, c’est nouveau. Ça veut dire que je dois trainer ma bouffe de diner et de souper…

Bon, je rumine tout cela, mais ma décision est déjà prise dans mon cœur: je vais traverser le Vercors du Nord au Sud (JF, sort de mon corps tout de suite!).

Ça me donne le dimanche pour faire ma préparation matérielle (la bouffe, gonflé mes pneus…) et surtout morale: j’ai pas de petit nami pour soutenir mon moral lorsque celui-ci descend plus vite que mon vélo grimpe…

Je m’installe au camping, qui est justement au pied du plateau que je vais monter, pour le prix de 10 euro et la « confiscation » de mon passeport. Je préfère qu’elle le garde que je le perde en ville (c’est une grosse ville, Grenoble…). 10 euro pour ce camping, par jour, avec une piscine speedo obligatoire (elle peut m’en prêter un, si je veux?!?) et des douches qui sentent un peu bizarre. Mais la salle de séjour est très bien.

Je bouffe mon sandwich et mon cookie (5 euro, très bon diné…), et je retourne en ville en tramway.

Petite parenthèse: quand je suis à Montréal, je vais partout en vélo et j’insiste. En vélo camping, une fois installé, je n’insiste plus: je dois viscéralement quitter mon vélo.

Les tickets de tramway sont en vente sur le quai, par un distributeur automatique.

Devant le distributeur, je commence à suer: la boite automatique n’accepte que la monnaie. J’ai un euro 35 en monnaie, et le ticket coûte 1,45. La machine accepte aussi la carte, mais je vais pas payer des frais bancaires de 6$ pour payer mon ticket!

Le Voyageur cheap, à l’aide!

Je décide de suivre ses conseils (on a fait le coup à Budapest), et je monte quand même, tout-à-fait illégalement, à bord du tram.

Nœud dans le ventre.

Je me prépare à répondre à l’inévitable contrôleur en anglais, genre un anglais australien.

Je table sur mon statu de touriste (con) pour m’en sortir.

Je dois faire 10 stations.

À la neuvième, estimant que j’ai épuisé tout mes jets de chance, je sors, soulagé, du tram.

Je me dirige vers la veille ville, qui est adossée à un flanc de montagne (d’où mon erreur de carte de ce matin), où il y a une cabine pour monter en haut de l’inévitable citadelle de la ville.

Je prend un ticket aller-retour. J’ai un col ce lundi…

En haut, magnifique vue et blablabla. Je regarde particulièrement la montagne qui m’attend ce lundi.

Grenoble, en bas, et le plateau du Vercors, en face.

C’est une forteresse de 1834, donc très différente de Vauban. Il commence à pleuvoir un peu, donc je rentre dans le musée des Troupes de Montagnes. Comme je suis professeur, j’ai droit à un rabais de 50%… Beau petit musée sur des fous et des folles en uniforme. Être dans l’armée, c’est déjà pas, généralement, un signe de santé mentale, mais les troupes de montagnes, c’est l’asile direct.

Je veux dire, outre l’aspect militaire des troupes de montagnes, ces gens-là sont des casse-cous de première. D’ailleurs, sur les photos, pas un qui a un petit excès de poids (ton site, Pierre, ne doit pas avoir ces soldats comme clientèle-cible…).

Le musée est « gardé » par des Chasseurs Alpins. Dans le musée, ils affirmaient qu’en Afghanistan, les Chasseurs Alpins entraînent l’Armée Nationale Afghane au combat dans les montagnes.

Pardon?

Entraîner des Afghans aux combats dans les montagnes?

Et pourquoi les Suisses ne viendraient pas entraîner les Québécois à manger de la tire d’érable?

Je pose la question au soldat (pas sur la tire d’érable et les Suisses, mais sur les Afghans et les montagnes…).

Il me dit que les Afghans ne sont pas entraînés à se battre dans les montagnes.

J’insiste un peu: les Afghans ne sont pas des combattants de montagne naturels?

Non me dit-il.

Et les talibans? Ils sont des combattants de montagnes, eux?

Non, pas plus. Oh, me dit-il, ils ont bien quelques ruses, mais bon, c’est rien par rapport aux Chasseurs Alpins…

J’insiste pas. J’espérais, mettons, plus de nuances dans la réponse du soldat…

Je ressors dehors et je continu la visite de la citadelle. Ah, il y a un ensemble souterrain à visiter avec blockhaus et tout et tout. Et c’est éclairé!

J’arrive à l’entrée. Je suis seul et c’est pas éclairé. Le plancher est plus ou moins égal et j’ai oublié ma lampe de poche!!!

Je rentre quand même, espérant que les lumières réagissent au mouvement.

Non.

Je m’enfonce de 40 mètres… C’est vraiment cool comme ambiance, j’adore, mais je dois rebrousser chemin. Peut-être demain…

Je visite d’autres postes de tirs, ce qui m’amène un peu en bas du téléphérique. Bah, je vais continuer cette descente, elle est vraiment agréable et rempli de découverte.

Comme les trois couples que je surprend, plus ou moins, à faire des colleux profonds. Imaginez le Mont-Royal avec des dizaines de tunnel, d’anciens blockhaus, de coins et de racoins et houlala, c’est chaud mes amis, c’est chaud!

Un des tunnels de la forteresse...

Une partie de la forteresse, vue de Grenoble...

Je redescend en ville, explore la vielle ville, arrête dans un genre de Wokcafé.

C’est là que j’écris.

Je pense que demain je vais aller au cinoche. Entre autre. Il y a aussi une course de vélo contre-la-montre de 2 kilo. Avec un 17% de dénivelé de moyenne (montant, bien sûr…). Ah, si l’Homme en Orange ou Fred avait été là, mon dimanche était tout tracé…

Ouf.

 

Syl

PS: Je viens de lire l’article de JF. Tout est vrai. Les Européens savent vivre et je dors maintenant tout nu dans ma (grande) tente. Merci JF de m’avoir si bien préparé aux montagnes du Vercors! Je les fais en ton honneur, tient!

 

Commentaires (11)

sol4 septembre 2011 à 8:56 am

Non, tu vas à Montélimar pour le nougat gourmand! Bonne chance dans la montée et n’oublie pas d’apporter des barre repas juste au cas ou. xox

PG Luneau4 septembre 2011 à 9:46 am

Moi, si un jour je vais en Camargue, ce ne sera pas pour un Musée des avions de guerre!! T’es un peu crackpot, non? Les Chasseurs Alpins que tu as rencontré t’ont peut-être partiellement contaminé??? Le nougat serait un élément bien plus attractif que ce Musée, en ce qui me concerne!!

syl5 septembre 2011 à 3:27 pm

Ah oui, le nougat… Je l’avait oublié celui-là…

Popa4 septembre 2011 à 10:46 pm

……Je voudrais voir la mer…et danser avec elle………bonne idée.
Je te soupçonne de vouloir « trocquer » ton vélo pour un cheval de Camargue à la robe grise et ainsi lâcher ton « fou « dans les étangs/salines/plages et marais. C’à ce seront des instants de pur bonheur.
Mais avant de revoir Les Saintes Maries de la Mer, tu auras eu la chance de visiter le musée de l’avion… »wow »( On peut sortir le Gars du « Wargamer » mais pas le » Wargamer » du Gars…).et de te farcir de nougat.
Aller Popa on s’en va.

syl5 septembre 2011 à 3:30 pm

Wargammer un jour…

Pierre5 septembre 2011 à 6:16 am

Est-ce que le speedo est aussi obligatoire à la mer en France ?

syl5 septembre 2011 à 3:28 pm

Je vais tuer quelqu’un si c’est le cas!!!

Micheline et Francois5 septembre 2011 à 9:56 am

Enfin un peu de répit.Je l’espérais mais n’y croyais pas trop. Tes photos sont magnifiques Syl sans bla bla bla bla bla!
Bonne continuation XXX.

syl5 septembre 2011 à 3:29 pm

Merci! en passant, dans les montées, c’est la transpiration mon problème no 1: ça me coule abondamment dans les yeux. Des fois, je n’y vois plus rien… Bref…

Micheline et Francois11 septembre 2011 à 1:43 pm

Nous aussi on veut voir la mer. La Virginie à ce temps-ci de l’année ça devrait être le bon choix. L’odeur saline, le balancement des vagues, le clair de lune et bla bla bla. Mais c’est aussi le 11 septembre. Il y a de l’émotion dans l’air car il y en a encore pour croire que l’impossible ne peut être arrivé. Eux les gendarmes du monde . Pourtant …Et leur grand chef en qui ils avaient mis toute leurs espérances il rame pas à peu près. Bref plus on les observe plus l’homme de cro-magnon nous est sympathique…XXX

syl12 septembre 2011 à 2:53 pm

@ Micheline et Francois: La Virginie, j’ai vraiment bien aimé l’an passé…


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