De guerres et de rizières…

Siem Reap (Ouest du Cambodge)

13 janvier (après-midi)

Hier, journée un peu spéciale avec un thème sombre: la guerre. Pour ceux et celles qui ne le savent pas, le Cambodge a été à la fois bénit et maudit au XXième siècle.

Béni, pour avoir passé presque toute la guerre d’Indochine et du Viet-Nam tranquillos (1945 à 1775)…

Maudit, pour avoir rattraper son retard en trois petites années, lors de la prise du pouvoir par Pol Pot et les Khmers Rouge (1975-78), qui vont lui couter, au Cambodge, 1,5 millions de vie humaines, suivie par une guerre civile qui s’est terminée tard (on parle de combats jusqu’en 2000).

Bref, toutes les grandes catastrophes du XXième siècle (génocide, réingénierie sociale radicale, guerres, guerre civile, bombardement stratégique, mines, crise écologique, financière, humaines et sociale, etc) se sont finalement regroupées pour sévir, en même temps, sur le petit Cambodge entre 1975 et 2000.

Nous voici donc, tuk-tuk sous les fesses, en route pour le musée des mines terrestres du Cambodge.

Joie.

Un petit musée privée, mis sur pied par Aki Ra, un bonhomme assez extraordinaire (dans le sens de): enfant soldat des Khmers Rouge à 8 ans, il apprend et pose des centaines de mines dans son propre pays. À 14 ans, il déserte pour rejoindre l’armée Vietnamienne (qui a envahit le Cambodge pour renverser la dictature de Pol Pot, et qui ont décidé finalement de rester dans le pays pour l’occuper un peu) et combattre ses anciens amis.

Puis, il se spécialise dans le déminage.

Il va, à lui seul, déminer plus de 50 000 engins de mort (de la mine aux obus n’ayant pas explosés).

Voilà, le musée, se sont ses “trophées” de chasse. Je vous épargne le cours d’Histoire qui va avec le musée, pour souligner que ce musée est très bien fait. Il aurait pu facilement tomber dans l’émotion, nous montrer des photos et vidéos d’enfants mutilés qui font pitiés, organiser la visite de son orphelinat… Mais non. Le musée est sobre, on ne peut pas visiter l’orphelinat et en bout de ligne, cela nous a incité à les supporter en achetant un savon en forme de mine soviétique (10$), une affiche “Danger! Mines!” authentique (10$) et un sac de côté “éléphant”, qui est déjà brisé (5$).

Mais bon, c’est pour une bonne cause.

CIMG0381

Des fusées de 122 mm russes…

CIMG0382

La principale collection d’Aki, toutes sortes d’engins de blessures inventés par des gentils ingénieurs… Blessures, car le but d’une mine est de blesser, non de tuer l’ennemi. Ainsi, c’est plus démoralisant pour l’armée ennemi, et en plus, elle doit s’occuper d’un blessé mutilé, ce qui prend du temps et des ressources…

CIMG0386

Sur la route, des vendeurs de sucre de palme… C’est comme du sucre d’érable, mais en plus doux, et plus étrange… Le matin, cela remplace avantageusement le Nutella…

Au retour, on passe par le musée de la Guerre. On avait peur un peu (dans le sens de), parce que ce musée n’est pas dans les attractions du Lonely Planet (alors que le musée des mines est fortement conseillé).

À 5$ l’entrée, par personne, on a pris un risque. Mais bon, Popa voulait qu’on sorte des sentiers battus et des trappes touristiques…

On ne regrette absolument pas: c’est une collection, à ciel ouvert, d’armes et d’engins issus de la guerre civile (principalement)… Ici, il y a pas de “reconstitution”: tout est “intact”, sauf si cela a été détruit partiellement par des explosifs ou autres…

CIMG0391

T-54 démolit par une mine…

CIMG0394

Mortiers de 82 mm…

CIMG0396

Hotwitzer de 155 mm…

CIMG0397

Tenez-vous bien: un orgue de Staline, 1941…

CIMG0399

J’ai bien écris: “Pas de reconstitution…”

CIMG0402

CIMG0401

Transport de troupe blindées, et l’une des vaches du musée…

Et partout, des mines, des chants de mines (elles sont reliées ensemble par des fils: le déclenchement d’une mine entrainant l’autre, je me permets donc d’écrire “chant” au lieu de “champs” de mines…) tellement réelles (!) que Sol a vraiment eu peur…

CIMG0395

Il y a plusieurs mines sur cette photo, et un fil qui en relie deux… Ce coup-ci, c’est vrai…

Bref, on a préféré ce musée… Même si l’autre était plus “humanitaire”.

Aujourd’hui, le thème était: l’eau. Et donc, les rizières dans ce pays…

Toujours en tuk-tuk (on a le même chauffeur depuis trois jours: il se lave pas souvent, mais il est très gentil et son tuk-tuk est ultra confo), on est allé au “quai” prendre le bateau à moteur pour visiter une forêt noyée (d’Amal, pour les initiés) et un village sur pilotis.

C’est blablabeau, point à la ligne.

CIMG0406

CIMG0408

Le village qui suis, Kompumg Pluk, est aussi connu sous le surnom du village des grattes-ciel de bambous…

CIMG0420

CIMG0421

CIMG0424

CIMG0417

Un élevage maison de cochons sur l’eau… Il y aussi aussi élevage de poissons, de crustacés… La photo qu’on a pas prise: Les enfants qui vont à l’école sur pilotis en bateau, et en uniforme… Ça pagaie fort!

CIMG0428

CIMG0432

CIMG0433

Syl et Sol, sur le plus grand lac de l’Asie du Sud-Est, le lac Tonlé Sap, qui fait la richesse du Cambodge. Ce lac est ultra poissonneux… Entre autre, dû à un phénomène improbable: durant la Mousson, le lac reçoit les eaux du Mékong. Mais le restant de l’année, le lac se jette dans le Mékong… Un casse-tête que je vais pas expliquer à mes élèves de 2ième année, en géo…

On a eu le droit au petit canot à pagaie, sur lequel on s’assis: il n’y a pas de place pour les jambes, comme dans un canot québécois… Un peu déroutant, mais on s’y habitue vite.

Puis, il y a eu la visite de la ferme de crocodiles… Je n’ai jamais vu autant de croco (“Il y avait les crocodiles et les Orang-Outans, les affreux reptiles et les jolies moutons blanc…”) de ma vie, de toutes tailles…

CIMG0434

Vous savez, les “bébés” animaux, y sont toujours “cutes”. Ben les bébés croco, ce sont des croco, mais miniatures. Pas vraiment plus “cute” que leur grand-père… Juste un peu moins menaçant. Un peu.

Demain, dimanche, repos…

On parle de prendre le contrôle de la cuisine de l’hôtel, pis d’aller voir un spectacle de marionnettes cambodgiennes…

J’arrête de vous parler de la bouffe pis de la piscine, pis de la température idyllique… Enfin, pour aujourd’hui…

Promis.

Syl

PS: Aaaaaaahhhh, l’explication de Sandra sur les drôles de tracteurs me semble juste… Celui sur la pancarte aussi, mais je vais confirmer avec quelqu’un du cru avant de me faire couper le bras à la machette…

Commentaires (9)

Franc13 janvier 2012 à 7:13 pm

Tant que le canot n’est pas dans la mare des crocos, tout baigne (dans le sens de)…

Bon j’ai un ver d’oreille maintenant; y’a des cro-co-diles et des ourang-outans….

Si PGL lis ceci, Alain est bon pour un récital de chansons de plusieurs heures je suis certain.

Pierre13 janvier 2012 à 7:41 pm

Elle est pas mal bonne ta blonde de se claquer pas un, mais deux musées de la guerre. J’imagine la réaction de la mienne à une telle suggestion.

Micheline et Francois14 janvier 2012 à 5:28 pm

Et d’où viennent les mines anti-personnelle eh bien du plusss beau pays du monde l’ouest canadien! Le monde est fou c’est bien connu…Quant aux crocos ceux de l’Australie sont pas mal non plus. Vous êtes beaux à voir et sans avoir pu admirer Syl dans les bobettes de Sol. Ici on lit à la chaleur du foyer en écoutant Mes Aïeux , il fait moins 20. Bonne continuation. Grosses bises X X X

syl14 janvier 2012 à 8:43 pm

@ Micheline et François: Le musée des mines et la fondation est, en autre, financé par le Canada… Les mines sont d’origines chinoises, vietnamiennes, russes, américaines, françaises… Mais on en a pas vu de canadienne…
Veut pas dire qu’on en a pas fait… Le traité internationale anti-mine que le Canada a signé prévoit la destruction du stock de mines, sauf pour les besoins d’entrainer les soldats à déminer…
Vu la longueur de notre frontière avec les USA, et notre petite économie comparé à celle de notre géant du sud, m’étonne pas que le Canada a signé le traité…

Micheline et Francois14 janvier 2012 à 6:02 pm

Le Canada a cessé d’en produire officiellement en 1992. J’aimerais savoir ce qu’on a fait avec le surplus de stock!

Frérôt15 janvier 2012 à 9:52 am

Pas besoin d’aller au pays des rednecks pour trouver des fabricants de mines dans le plusss beau pays du monde, notre pays anti-tout modèle en fabriquait à Repentigny jusqu’en 1992: http://www.international.gc.ca/mines/background-apercu/making-mines-fabrication.aspx?lang=eng&view=d

Si ça peut nous consoler, la Suède, pays impérialiste notoire, en fabriquait aussi.

PG Luneau15 janvier 2012 à 10:00 pm

J’aurai préféré la forêt noyée aux musées de la guerre. Et je suis OUTRÉ du commentaire de François sur les crocodiles et les oran-outangs, les affreux reptiles et les jolis moutons blancs (y avait des chats, des rats, des éléphants, il ne manquait personne, pas même les deux lionnes et la jolie… bobette de Solange autour de la taille de Sylvain!!) 😉
Moi aussi, j’ai cru que le canot pas de fond était pour le bassin aux crocodiles!! J’ai eu peur! Heureusement, vous êtes sains, saufs et resplendissants, sur un beau lac pittoresque!
J’ai hâte d’en savoir plus sur les spectacles de marionnettes!! À plus!

Eric1 mars 2012 à 11:23 pm

Ahhh les crocrocro, les crocrocro, les crocrodiles…
sur les bords du Nil… ils sont partis n’en parlont plus…
Ahhh les crocrocro, les crocrocro, les crocrodiles…

Voilà… c’était idée de mettre un autre ver d’oreille à certains lecteurs…

PG Luneau2 mars 2012 à 9:28 am

@ Éric : Salaud!!


« «
» »