De trains, de couteaux et de Ninjas

On vient de se payer un deux jours de repos complet dans notre appart japonais très confo (imaginez, il y a une table, et trois chaises!!!! Mais il y a aussi la champlure de la cuisine qui fonctionne contraire aux saines habitudes : tu abaisse le bras pour avoir de l’eau… Et plus tu la baisse, plus il y a de la pression, et il y en a en maudit. L’eau déborde de l’évier deux ou trois fois par jour…).

Sinon, on s’est visité notre quartier (Koriyama en banlieue de Nara), qui est, en fait, dans une ancienne forteresse… Je fais mon jogging dans l’enceinte du château médiéval (la tour n’a pas été reconstruite). Il y a un mélange de très belles maisons, et de moins belles. On a même vu un itinérant… Je vais prendre des photos (pas de l’itinérant, mais du quartier), le quartier est vraiment intéressant.

Puis, on a visité Nara. Nara, l’ancienne ancienne capitale du Japon.

Bon. Comment dire.

Il y avait du monde. On est proche d’Osaka, et dans le coin, il doit y avoir autant de citadins que de population dans tous le Canada, Yukon compris.

Plus que des touristes, les myriades de sorties scolaires. Si je n’avais pas vu les données démographiques, je ne penserais pas que le Japon est un des pays du monde avec le moins d’enfants.

Il pleut des enfants, presque littéralement.

Nara, ce sont les temples qui ont survécu. Du palais, il ne reste que les fondations (et on creuse pas très creux, à l’époque, et même aujourd’hui).

Mais le musée des trésors des temples était à couper le souffle. Les statues étaient magiques… Désolé, photo interdites…

Puis, il y a le parc aux chevreuils… Partout des chevreuils, dans la ville aussi. C’est vorace, ces belles bêtes-là. Heureusement qu’à l’office touristique, on a pris bien soin de nous dire où on pouvait en voir, de ces chevreuils. On a dû en voir genre 200. Dont un magnifique petit qui avait de la difficulté à marcher. Kawaii!

Mais les temples eux-mêmes… On commence à bien les connaître, ces temples. Et puis, on se réserve pour Kyoto… Ces temples et ces jardins… Mais bon, l’un des temples de Nara étaient réellement gigantesque!

On a terminé cette journée de mouillasse (on avait oublié les paramouilles, et donc on en a racheté un nouveau…) dans un resto de sous-sol, qui ne paie pas de mine.

Spécialité : le porc de la région de Nara. Minum! Un de nos resto préféré à date (on ne savait pas que le lendemain, on allait dire la même chose du resto à Sakai). Au menu, porc (non?), nouilles, sauce, soupe, café glacé gratuit (bon, depuis quelques jours, au resto, on nous demande si on veut nos nouilles chaudes ou froides, ou le café chaud ou glacé. On leur demande ce qu’ils préfèrent, eux : ils regardent dehors, et nous disent : froid! Parce que la température avoisine les 30 degré. Isa, tu peux laisser au Québec ton pata mauve). Pour un 25$ total.

Sinon… Aujourd’hui, grand jour : Sol a décidé, depuis plus d’un an, de ramener un seul souvenir du voyage : un couteau japonais.

Donc, aujourd’hui, on partait à la recherche de ce couteau mythique.

Direction, la ville de Sakai (90% des couteaux artisanaux du Japon sont forgé, affutés et manchés là). Quatre trains plus tard, pour un total d’une heure de trajet, on y arrive finalement.

Direction, le musée du couteau.

On arrive là, on monte au deuxième étage, et on entre dans la salle d’exposition des couteaux.

C’est, en fait, une coopérative de vente de couteaux. Déçu? Mais là, on voit un occidental habillé à la japonaise. Il a l’air de travailler là.

Quid?

Il a un nom sur son badge (traduction de « nametag ») : Eric (sans accent).

Il est Français. Il vit au Japon depuis 6 ans. Il est forgeur. Et il a du temps pour nous aider à comprendre ce qu’est un couteau artisanal, et comment en sélectionner un qui réponds à nos besoins.

Je ne peux pas résumer tous ce qu’il nous a appris sur la forge, les couteaux artisanaux japonais et la vie.

Très gentil, très serviable (je lui ai dit qu’il était aussi gentil que les Japonais. Il a dit qu’après 6 ans au Japon, tu devenais gentil. Et que si tu t’installais en France, tu devenais méchant.)

Je résume une ou deux anecdotes : la mode des couteaux artisanaux japonais est relativement nouvelle : il y a une quinzaine d’année, un forgeur de couteau devait avoir un autre travail pour survivre (un des forgeurs super connu aujourd’hui vendait des caleçons…).

Il existe une mafia du couteau au Japon : les revendeurs. Vous savez, ces gens qui font de l’argent en achetant le produit de l’artisan, en multipliant ensuite les prix par 2 ou 3, et qui menacent de rétorsion les artisans qui auraient la mauvaise idée de vendre eux-mêmes leurs couteaux et de garder pour eux une marge de profit suffisante pour en vivre… Vous savez, ces gens-là…

Donc, le musée où nous sommes n’en est pas un, de musée : c’est en fait une initiative de la municipalité pour permettre aux forgeurs, ils sont une trentaine actuellement (ils étaient une centaine il y a 15 ans, et ils pensent être qu’une dizaine dans dix ans, y compris Éric), de vendre directement leurs couteaux. Grâce à cette initiative, ils peuvent maintenant en vivre, de leur art.

Alors, on a acheté pas un mais deux couteaux. On a le nom (et la photo) de l’artisan forgeron, mais les deux couteaux n’ont pas été affuté par le même affuteur…

Par contre, les manches de bois, ben c’est le même manchot qui l’a fait (l’artisan qui fait des manches se nomme le manchot, et il travaille d’une seule, mais quelle main). En fait, il y a 3 personnes à Sakai qui font que des manches de bois dans la vie.

Bref.

Là, on a la carte d’affaire d’Éric Chevallier, et on peut lui écrire pour qu’il nous envoie des couteaux trois ou quatre fois moins cher que le prix affiché chez L’Émouleur de la rue Laurier. Si vous voulez acheter des couteaux japonais, où si vous voulez faire aiguiser vos couteaux, il y a juste une adresse à Montréal : L’Émouleur.

On attend vos commandes. On prend (juste) 300% de commission.

Vraiment, Sol était au 10ième ciel (parce qu’avec moi dans le portrait, elle est toujours au minimum au 9ième ciel mauve en permanence). On en a eu pour notre argent.

Dans tous les sens.

Puis, ben comme on est à Sakai, ben il doit y avoir quelque chose à visiter, non?

Bon, des temples.

Tiens, et cela, qu’est-ce que c’est?

Ah? Une trentaine de tertre funéraires datant du 6ième siècle?

Dont une qui est équivalente à la pyramide égyptienne de Gizeh. Rien que cela.

Les Japonais veulent que l’UNESCO balablalbla…

Mais bon, impressionné que l’on est. Malheureusement, cela ne se visite pas. Et, de l’extérieure, cela a l’air d’une colline boisée. Mais… Allez voir les photos.

Pour diner, notre français nous a recommandé un resto. Wow. Un petit resto qui assis une vingtaine de personnes. Ils sont 6 en cuisines et au service (les cuisines au Japon sont généralement en vue des clients), dont le chef, qui est venu personnellement nous saluer, et nous montrer comment changer le bouillon en soupe (j’aurais préféré qu’il me montre le truc de comment changer l’eau en Bourgogne, mais bon, je prends tous les trucs qui passent). En cuisine, il mettait (littéralement) la main à la pâte et supervisait ses deux assistants. Tout ce beau monde avait l’air d’avoir du plaisir. Évidemment, on était les deux seuls occidentaux dans la place (et dans la ville, sauf Éric).

Ces nouilles, avec son bouillon plus épais (que l’on n’a jamais vu ailleurs) avec les meilleures dumpling du pays. Wow. Pour 12$ chacun.

Bon, là, nous sommes de retour à la maison (on reste 9 jours dans ce AirBandB) et Sol est tombée dans l’alcool de patates douces. On attend Isa pour aller se visiter une distillerie de saké…

Demain, c’est la journée Ninja.

On s’amuse comme on peut.

Surtout qu’ils annoncent un typhon pour le 12 juin prochain, sur tout le Japon. On ne se peut plus tellement on a hâte.

Syl

PS : On est à la station du bus. Deux hommes sortent de la file du bus (les Japonais adorent les files…) et se mettent à hurler quelque chose au conducteur de la voiture de luxe… Qui s’était stationné à la place, justement, du bus. C’était laid, pas beau. Le conducteur est pas sorti de sa voiture. Il a reculé, prudemment (il n’est pas sorti de la voiture en envoyant chier les gens qui prennent le bus, comme cela se serait passé dans d’autres contrées plus civilisées de ma connaissance). Les autres personnes dans la file ont souri, de ce sourire de victoire de la masse contre les élites monétaires (j’ai la gauche qui me sort par les oreilles, ces temps-ci. Ça doit être Trotsky que je suis en train de lire…).

PPS : Je ne vous ai pas dit que je conduis des trains, maintenant? Beaucoup de train au Japon, de la voiture, tu vois en avant (ou en arrière). Je me colle donc contre la vitre du conducteur, et voilà, je conduis le train. J’ai vraiment beaucoup de plaisir, comme un plaisir interdit parce que je vois devant le train. Un fantasme de petit garçon, petit fils d’un cheminot…

Mais bon, on a failli dérailler plusieurs fois car Sol, qui se croit drôle, se fait des lulus et ben voilà, elle est ultra kawaii, et je deviens distrait, et de la regarder elle plutôt que les rails, et je rase alors de faire dérailler le train à chaque tournant. Sol est irresponsable. Heureusement que je comble largement cette faiblesse dans le couple.

PPSS : On a acheté une nouvelle passe de train, mais vraiment pas cher : 35$ pour 5 jours… On pense dépenser le triple facilement, sans se forcer, en train, pour les 5 prochains jours.

Tchou tchou!

Quelle coup de bol on a! On a vu (et photographié) cet animal sauvage!!!

Commentaires (7)

Andrée9 juin 2018 à 6:32 am

Génial! Votre soupe donne vraiment envie. J’espère que tu as retenu ton cours de bouillon-soupe 101.

J’ai hâte de voir vos couteaux! Je ne savais pas qu’il y avait de l’engouement pour les couteaux artisanaux japonais, mais maintenant que je le sais, j’en veux un.

(À Montréal, y’a aussi Madame Couteau qui vient stationner son truck dans ta ruelle pour affûter tes couteaux à un prix bein raisonnable. Pis est gentille! Même si elle n’est pas Japonaise.)

syl9 juin 2018 à 6:47 am

Ouais, ta madame couteau, elle affûte tes couteaux sur la pierre pas mouillée… Très mauvaise idée. On a perdu notre gros opinel entre les mains de notre vieux monsieur du camion de Verdun… Par contre, mes lames de tondeuses, elles, ça va… : )
Et si tu ne savais pas pour les couteaux japonais, c’est que tu n’écoutes pas les téléréalités de cuisine… Ou les show de cuisine…

C’est pas juste les couteau, mais c’est aussi le métal qui est en demande. Techniquement, ton couteau allemand est forgé avec du métal japonais…
Qu’on m’a dit…

Andrée10 juin 2018 à 6:47 pm

C’est parce que ton monsieur… c’était pas Madame Couteau! 😛

Pierre11 juin 2018 à 9:25 am

À quand la visite à la forge des katanas ?

Isa15 juin 2018 à 8:59 pm

Pas de pata, vraiment? Ok, au pire on se réchauffera au saké! 🙂

syl15 juin 2018 à 10:52 pm

Kampaï!

pgluneau1 juillet 2018 à 12:28 pm

Les Japonais (comme bien d’autres peuples, j’imagine) sont capables du meilleur comme du pire : de si beaux jardins, temples, musées, etc. et de si horribles villes surpeuplées!! C’est pas beau tout de suite, la vue d’Osaka!!? Et son caractère d’infini, ça fout la déprime, je trouve!!
Heureusement que les Bambi sont kawaii, que les gens sont gentils et que les restos sont bons!! ;^)


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