Une Saigon surprise

Saigon

10 mars (soir)

Ce matin, un choc. Énorme.

Sol commande une soupe vermicelle poulet épinard comme déjeuner.

Pour déjeuner.

Vous savez, vous pensez connaitre quelqu’un depuis plus de 25 ans. Vous vous en ventez, même. Vous vous ventez de pouvoir prédire qu’est-ce que l’autre personne va faire, ou pas faire, en toute circonstance (c’est le coup du soulier dans les mariages…).

Sol mange que des plats déjeuner en se levant. Depuis plus de 25 ans. J’ai bien essayé, à l’occasion, de lui faire changer d’avis. Genre, quand on se lève vers midi (ce qui n’arrive plus guère, sauf sous l’effet du décalage horaire).

J-a-m-a-i-s.

Et là, paf, tout bonnement, Sol se commande une soupe Vietnamienne (le déjeuner régulier du pays) à 8H00 du mat.

J’en perds mon dentiste (j’aurais écris “dentier”, mais j’en ai pas. Mais un dentiste, j’en ai un, dans le sens de).

Je lui demande “Quel est votre premier animal domestique”, espérant ainsi percer à jour le Martien qui a prit la place de ma femme légitime.

“Simon”, quel répond… Tout en portant la première cuillère de soupe à la bouche.

C’est bien ma femme que je me dis, aussi crédule que le père dans Philémon.

Heureusement, deux cuillérées à soupe plus tard, tout rentre dans l’ordre: Sol mange mon omelette, et moi, sa soupe.

J’ai retrouvé ma femme. Elle a brillamment repoussé le Septième passager.

D’ailleurs, je commence à y prendre gout, à cette soupe déjeuner.

Aujourd’hui, cap sur Cholon, le quartier chinois si mystérieux, si agité (dans le sens de).

On se négocie le vélo pousse à la méthode Sol: on demande un prix, on nous dit un montant exagéré, et on se pousse sans négocier.

On tourne le dos en s’éloignant, quoi.

C’est un peu inhumain, mais ça porte fruit. Les vélo pousse sont revenus nous voir en courant (dans le sens de) et divisant leur prix de moitié.

Sol sur un des vélo pousse. On s’assoit en avant. On a toujours l’option de fermer les yeux aux grandes intersections.

La visite de Cholon, c’est avant tout le marché chinois. On y passe une heure, sans trop s’énerver le poil des jambes: c’est pas notre premier marché en Asie. On s’attendait à plus de ce fameux Cholon.

Sol a tenté d’acheter un petit sac. Le marchand lui demande combien elle veut lui donner. Elle dit 5$, ce qui est au moins le double de ce que cela vaut. Le marchand rit très fort d’elle. Sous entendu qu’elle offre vraiment pas assez.

Sol tourne les talons. Évidement, le marchand la rappelle pour lui indiquer qu’il accepte.

Trop tard, moron.

Il a rit de Sol (même artificiellement). Sol n’aime pas qu’on rit d’elle. Elle ne revient pas acheter le sac (ça faisait une demi-heure qu’on magasinait pour un sac).

J’aurais aimé voir les compagnons de marchand rire de lui devant les résultats de sa stratégie de vente: rire du client, très fort. Dans un autre marché, la Méthode Sol a permit à ma femme d’avoir son sac pour 1$, au lieu des 2,50$ proposé par la marchande.

Bref, on est de retour de Cholon en après-midi, avec le sentiment d’être rester sur notre faim.

D’ailleurs, on se bouffe dans un resto avec table à l’intérieur, donc deux ou trois fois le prix des gargotes sur la rue.

Sol tente de manger une salade de pamplemousse aux crevettes, mais le tout goute le savon à vaisselle.

Je mange de mon côté un riz au porc, morning glory, champignons et fil de fer. Un restant d’une éponge métallique.

Décidément, le plongeur a des ratés, à ce resto.

On quitte sans finir nos assiettes, sans payer, et en emportant gratuitement la bouteille d’eau.

On se remet de nos émotions culinaires dans un autre resto, déjà testé, et recommandé par le Routard: les Français et la cuisine, généralement…

On prend cela relaxe le restant de la journée.

Ce matin, c’est le grand tour. On commence par le Palais de l’Indépendance, là où la guerre du Vietnam (la deux, ou troisième, dépendamment comment vous les comptées), c’est terminée.

On s’attendait à pas grand chose. On a été surpris.

Surpris par les meubles, tous intactes, datant des années soixante-dix. Juste cela, ça valait le détour.

Et aussi, surpris, du bunker présidentiel du sous-sol, lui aussi datant des années soixante, et qui évidement a tout du Fallout.

Téléscripteurs dans le bunker…

Couloir du bunker…

Les années soixante-dix rencontre la beauté asiatique.

Le fameux toit du palais (faut être un peu geek historien pour apprécier…). Notez les deux emplacements tracés en rouge: ce sont les endroits où les deux bombes nord-vietnamiennes sont tombées durant le seul bombardement de ce bâtiment,

Vue de Saigon.

Syl, avec un nouveau t-shirt, devant un des tanks qui a démolit la grille du palais en 1975 (voir “geek historien).

De là, on marche vers le Musée d’histoire du Viet-Nam et son spectacle de marionnette aquatique.

On arrive vers 11H30. Or, tous les musées ferment une heure et demi, voir deux heures, le midi.

Les Vietnamiens savent vivre.

On se trouve une gargote de luxe: la cuisine est sur la rue, mais il y a chaises grandeur “normales” et table à l’intérieur, avec ventillo.

On pointe ce qu’on veut à la dame qui nous amène porc, cuisse de poulet, deux assiettes de riz et morning glory (longues fèves vertes) et deux petits bols de soupe.

Thé glacé à volonté. On en a bien besoin.

Le tout pour 3$. Ça coute cher, le luxe.

Comme on termine rapidement notre repas, on qu’on a une heure a tuer, on décide de se risquer au zoo de Saigon.

Risqué, parce quel les guides parlent d’un zoo d’une autre époque, avec animaux faméliques, et etc.

On s’attend à quelque chose comme le Jardin des Plantes à Paris, avec son zoo des années 1880.

Je me rappelle encore, lors de notre visite en 1993, du lion dans sa cage minuscule qui essayait de pisser sur les touristes à travers ses barreaux de cage. Il m’avait raté de peu, l’imbécile.

Bref, dès qu’on voit une telle horreur, on décampe.

Surprise.

Non seulement le zoo est très correcte, mais en plus, on y trouve plein de vie.

Je veux dire, les animaux sont debout, marchent, grognent, bref, tout ce qu’ils font pas d’habitude dans un zoo.

Je me rappelle pas de la dernière fois qu’un tigre blanc voulait m’arracher la tête avec autant de férocité. Et surtout, d’aussi près.

Très cool.

Photo des écuries à éléphants. Dans chaque stèle, il y a un éléphant bien vivant. On a passé une demi heure les regarder vivre. J’arrêtais pas de m’imaginer à l’époque pas si lointaine où ces éléphants servaient de bêtes de guerre… La photo est rien par rapport à ce que l’on a vraiment vu…

Sol avec son nouveau t-shirt. On a presque triplé notre garde-robe de voyage.

Quoi? Vous vous demandez ce que cette photo fait là, dans la section animalier? Sol aussi.

Je vous ai pas dit que lors de l’achat de nos billet d’entrée, j’ai perdu 5 minutes de ma vie, la guichetière aussi, et le vieux monsieur touriste français aussi, parce que ce dernier essayait de faire comprendre à la guichetière, qui parle ni français, ni anglais, qu’il voulait des billets d’entrée avec réduction “âge d’or”.  Le prix du billet est de 12 000 Dong, soit 60 cennes noires.

Y’a un rhino, maintenant de ma connaissance, qui aurait été plus utile à l’entrée du zoo…

Notre théorie sur tout ses animaux tropicaux si vivants dans ce zoo sommes toutes pas si St-Félicien que cela: le climat. Genre, le climat de Saigon ressemble à leur climat naturel, sans artifice.

Mais bon. C’est ça où ils leur donnent un touriste par jour à bouffer.

Me fait penser que j’ai pas revu mon vieux âge d’or français.

Finalement, vers 14H40, on fait notre entrée au musée, but de la journée.

Surprise.

il y a des pièces intéressantes.

Comme cette momie.

Puis, finalement, après avoir attendu 40 minutes qu’un dixième spectateur accepte de venir voir les marionnettes aquatiques, on a eu le droit à la prestation.

Sans être du grand art, c’était quand même cool. Pour 2$ le billet.

Bon, je pense qu’un vidéo, bientôt mis en ligne, sera plus parlant que cette photo de trois marionnettes faisant des culbuttes dans l’eau.

La scène aquatique.

On quitte le usée pour rentrer à pied.

On a faim.

On passe, par surprise, devant le seul resto japonais recommandé par le Routard.

Des mois qu’on parle d’aller au Japonais.

On y entre.

Service moyen, tempura bon, sushi bon, mais sans plus. Décidément, on s’ennui de Chez Atami.

Mais le tout a couté 20$, pour les deux.

Donc, pas de frustration.

En chemin, on découvre un autre Saigon.

Demain, tour guidé toute la journée: on va aux tunnels du Cuchi.

En minibus, et avec les autres touristes.

Bah, on va peut-être être surpris…

Syl

PS: À PGL: L’adjectif “Héloisienne” fait (évidement) référence à la petite fille d’Éric, Héloise. Signe que les chaises sont donc elles mêmes petites.

PPS: Bon retour à Franc. Comment était Cuba?