Lucioles 2, gros touristes sales 0

On baisse la tête, et on la tourne de côté. Le vent nous fouette le visage méchamment quand même. La pluie nous mouille (elle ne sait pas faire autre chose, la conne).

Je garde mon sac sur moi, et je ne le dépose surtout pas à terre : le plancher est inondé, genre 1 cm d’eau, qui varie au gré de la houle.

Le guide vient nous voir, et nous cri : « Là, on arrive dans la mer comme tel. On peut continuer, mais on prend des risques… Et le temps n’a pas l’air de s’améliorer. Qu’est-ce que vous voulez faire? ».

La fille du couple en avant, qui n’est pas vraiment protégée par le petit toit du bateau, n’hésite pas : elle vote pour rebrousser chemin, même si cela signifie de « perdre » notre argent.

Évidemment, cela ne nous étonne pas qu’elle vote de retourner : cela fait une demi-heure qu’elle se prend, et son chum aussi, des trombes d’eau solide sur la tronche. Sol, qui est montée la première dans le bateau, a fait le bon choix : elle a choisi le banc du milieu. On voit quand même bien, et on est protégé en cas de pluie (ou de tempête comme c’est le cas maintenant).

Mais on a pas de choix : foncer dans cette tempête, pour aller voir des lucioles qui ne sortent pas quand il pleut (imaginez quand il fait tempête), ou des singes, ou autres, cela ne vaut pas le coup : les photos ne seront pas bonnes.

Il fait un temps à ne pas mettre des touristes dehors.

On retourne, l’appareil photo entre les deux jambes.

Bon, l’expédition n’a pas été totalement vaine : on a vu un crocodile « sauvage ».

Mais cela se résume à ça.

Ceci étant dit, je trouve que les « Malaisiens » pourraient faire plus d’effort pour les touristes. C’est sûr que si tu nommes ta forêt « rainforest », ben oui, il va pleuvoir. Mais si tu nommes ta forêt « sunforest », ben là, il va faire soleil.

Eh que le monde irait mieux si j’en étais le tyran-directeur-à-vie (ne commentez pas cette dernière phrase, il y a des limites à gonfler mon égo).

Retour à l’hôtel, tout détrempé. Mais bon, on va y retourner dans cette jungle-mangrove dite « very rainforest », à une dizaine de kilo près, avec notre dernière étape de notre voyage à Bornéo (le Permai rainforest ressort).

En effet, cela fait maintenant 3 nuits que nous sommes installés dans les arbres. Enfin, la maison est en haut de pilotis géants, et nous sommes à une douzaine de mètres de hauteur…. De notre balcon, on voit la mer à nos pieds, et un couvert végétal dans lequel les singes argentés viennent régulièrement se bouffer des feuilles.

On voit, mais on entend le vent dans les feuilles (géantes) et le roulis constant de la mer (elle ne se tanne jamais, la mer, de rouler? (Infinitif du verbe roulis »).

J’ai le sourire gros comme cela (sauf quand on marche la nuit dans la cabane pour aller redonner nos minéraux à la terre (ou pisser, pour les barbares d’entre vous) : la maison tangue un petit peu (c’est déjà trop).

Il y a des marches dans la jungle, que l’on fait soi-même, avec des ponts de cordes et des escalades de rochers. Une chute, des cascades.

Il y a deux plages « privées », magnifiques.

Le resto a vu sur la mer, il est confortable. Il est bon, aussi. Bien que quelques fois, un peu étrange. Il faut dire que l’on a le petit-dej et le souper (nommé ici diner) de compris dans le tarif (une centaine de dollars par nuit). Alors on se pointe au resto, le premier soir. On vient à peine de s’asseoir qu’ils nous servent deux verres d’un « jus » rouge… Pas mauvais, mais pas non plus très bon (j’aurais mieux aimé un petit verre de rouge australien…).

Puis, une minute plus tard, sans qu’ils nous disent quoique ce soit, arrive notre assiette : poulet, légumes, patates douces.

Les bons côtés : c’est très bon, et tu perds par 30 minutes de ta vie à regarder chacun des éléments du menu en te demandant ce que tu vas (ou pense que tu vas) manger.

Le moins bon côté : si cela avait été du poisson, et la probabilité est bonne, mon souper aurait tourné en queue de.

Mais là, heureux on est.

Je ne vais pas prendre 20 pages pour vous décrire ce qui est, pour moi, L’Hôtel du voyage. Cet hôtel, je le cherchais depuis le début du voyage (Sol, qui apprécie l’hôtel, ne l’élève pas aussi haut dans son palmarès personnel, malgré les pilotis).  Tu te lèves dans la nature, tu vis dans la nature, et tu tente de te coucher dans la nature (oui, bon, la nature, elle est bruyante, la nature, surtout la nuit, surtout la mer qui se fracasse à 20 mètres de ton lit, surtout la jungle, pis quand une feuille (géante) te tombe sur le toit de ta cabane, ben ça fait un gros « ploc » qui te réveille).

Bref, vous êtes vert de jalousie, et moi aussi, je me jalouse moi-même de ce que je vis.

Mais, pour ceux et celles qui jalouse, je vous raconte ce mini anecdote de l’autre soir : on se promène sur le chemin bétonné qui serpente entre les chalets (notre maison dans les arbres a vraiment la senteur du chalet des Laurentides… Tsé, l’humidité dans le bois?), Sol est en avant (un vieux truc de scout : tu mets en avant la personne que tu es prêt à sacrifier, parce qu’elle tombe dans les pièges, mais se faisant, elle sauve la vie du restant de la troupe, dans ce cas, ben moi). Alors on marche, Sol en avant, mais elle est petite, ma femme : je sens quelque chose accrocher ma tête. C’est un fil d’araignée.

Horreur.

L’araignée, grande comme ma main, est du genre effilée et non pas dodue, mais effilée solide… Elle est à 30 cm de ma (sainte) tête. Et elle bouge, au gré du mouvement de la toile que la tête a créer.

À quelques cm près, et elle se serait retrouvée sur ma (douce) peau… J’en fais presque des cauchemars juste à y penser.

Bon, il y a aussi des serpents, des scopions et des bibittes qu’on ne connait pas.

Mais il y a une place pour faire du camping, si cela vous chante. Je blague pas : le site donne sur la mer, proche de la petite plage. Vraiment cool.

Parlant de cool, il y a aussi une piscine très originale : l’eau, magnifiquement fraîche, qui l’alimente est celle du ruisseau, et pis voilà : ils ont fait un bassin pour emprisonner, pis y rajoute aucun agent chimique. Tu te baigne comme dans le Blue laggon (mais c’est interdit de s’y baigner nue). Et la piscine est « ouverte » 24 heures. Tu peux t’y baigner à trois heures du mat.

On me paierait cher.

Que j’irais pas.

On reste un total de 6 jours ici.

On a finalement décidé de notre plan pour le prochain mois (cela n’a pas été facile, je vous jure) : retour à Singapour pour finir de visiter ce « pays », et, accessoirement, faire remplacer le Ipad de Sol qui commence à ressembler à celui des élèves du CDM). De là, on prend l’avion pour un séjour de 30 jours à Bali (oui, bon, le volcan semble s’être calmé, et on aimerait bien trouver un endroit pour y rester tranquille deux ou trois semaines : en Malaisie, les iles Tioman, sont un peu difficile d’accès (j’ai dis un peu) et pis on aimerait bien changer d’air : les pays musulmans (Malaisie, Brunei), on aime, mais on veut voir (vivre) autre chose.

Les billets sont achetés (à cause de l‘immigration, il faut des billets d’avions de sortis).

Youpidou.

Il reste juste à trouver un hôtel pas cher à Singapour : notre hôtel où est allé en novembre, sur lequel on misait, ben y est complet comme un con, à moins de 5 jours de notre arrivé).

Faut trouver autre chose.

Grosse misère sale.

Syl

PS : Pour ceux et celles qui ne sont pas abonnés au Monde, il y a actuellement un couvre-feu dû à des violences religieuses au Sri Lanka, particulièrement dans la ville de Kandy (vous savez, la dent sainte sucrée). En cause : un resto « musulman » aurait mis un produit contraceptif dans l’assiette d’une madame de religion hindoue.

Tant qu’à faire des « fake news », allons-y jusqu’au bout.

Mais bon, en fait, il semblerait que le parti hindouisme extrémiste veut mettre les musulmans dehors (comme pour les Tamouls). Et comme le premier ministre pressentit pour gagner les élections dans deux ans est proche d’eux, ben voilà. Deux morts, des dizaines de blessés, un couvre-feu, l’armée dans les rues. Bravo les bouddhistes : vous avez bien intégré la notion de nationalisme. Une autre belle réussite de notre civilisation occidentale, ce nationalisme porteur d’espoir et de paix.

 

p.s.  Les photos viendront plus tard quand l’internet sera un brin meilleur.

Commentaires (6)

Pierre Pelletier10 mars 2018 à 2:11 pm

J’avais entendu pour Kandy mais je ne me souvenais plus où j’avais vu ce nom avant (quel blog instructif). Tu ne connaissais pas les bouddhistes ardents ? https://thuppahi.wordpress.com/2017/09/29/buddhist-monks-on-violent-paths-how-come-an-essay-in-mid-2013/

pgluneau10 mars 2018 à 3:12 pm

Un petit coin de paradis ne vient pas sans sa sale grosse araignée dégueux!! ;^)

P'pa10 mars 2018 à 7:49 pm

Super description d’une  »sortie touristique » sur l’eau et dans la jungle…… »Y faut être jeune » pour  »apprécier »une telle aventure. Ton texte est hilarant…un des meilleurs à ce jour.

J’ai hâte aux photos de Solange.

Hôtel Singapour: Le  »Raffles » et deux Singapour Sling en prime….

Suggestion pour Bali: Une semaine à Ubud….et pourquoi pas un petit saut sur l’ile de Lombok ( Mataram ou Kuta )

Bonne continuation.

Laurianne17 mars 2018 à 12:26 pm

Bon ben j’étais jalouse et envieuse jusqu’à l’épisode de l’araignée!
Finalement la neige et le froid me conviennent 😉

Bon voyage 🙂

Andrée22 mars 2018 à 9:12 pm

Haha, je retiens le truc du rainforest/sunforest (si seulement)… L’autojalousie, aussi, c’est pas pire.

(et pour le nationalisme… c’est juste épouvantable)

syl26 mars 2018 à 5:15 am

Oui, le nationalisme de tout poil, fléau de notre temps…


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