Le monde est petit, grand et chaotique

Un départ tranquillos de notre appart : pas de train avant 13H00. On s’achète un lunch pour la route (excellente idée de Sol : moi, je disais « Bah, on mangera en route, en achetant ici ou là… ». Mais de « ici ou là » point il y en aura. Deux morceaux de robots Sol).

On arrive à la station un bon 45 minutes d’avance : on ne veut pas se presser, on va lire. Mais il faut aussi acheter nos billets de train. Ça tombe bien, parce que billetterie ou distributrice automatique de billets, point il y a. Et sans billet, train pas nous dedans il y aura.

Bon.

Heureusement, Sol a acheté un forfait Tim qui permet à son Ipad de se brancher n’importe où. Très belle invention, vous devriez essayer. Oui, c’est cher (15$ pour 2 Meg de données), mais comme vous voyez, là, ça dépanne drôlement.

Acheter les billets en ligne prend bien 15 minutes. Mais c’est fait et bien fait. On achète que pour la portion « continentale ». On verra sur place pour le traversier et le train de Messine à Taormine.

Le train arrive, pas vraiment en retard (selon les critères italiens), et on grimpe.

Beaux paysages.

On change de train à Rosarno.

Tout baigne. Mais vous me voyez venir.

La madame de l’office de tourisme de Tropéa nous avait dit de débarquer un arrêt avant Reggio centrale. Ma carte m’indique bien cet arrêt, et le fait qu’elle est bien à proximité d’un traversier.

Mais arrivée à 4 arrêts avant le nôtre, pleins de gens débarquent, et je vois bien un traversier à portée de main qui semble vouloir appareiller pour Messine. Sol me demande si on débarque. Je grogne que non. Deux sources m’ont dit que ce n’est pas là. On continu.

Trois gares plus tard, on se lève pour se préparer à débarquer. Un contrôleur dans le train nous demande pourquoi on veut descendre là. Et notre réponse, pour prendre le traversier, suscite chez lui un long « Niiiiiiiooooooooooouuuuuuuuuuu », fallait descendre il y a trois stations. On tente de lui monter notre carte sur l’Ipad, on tente de lui pointer le ferry, rien à faire : il dit que l’on doit retourner. Il ne veut pas nous dire s’il y a un ferry là, s’il y en a jamais eu, ou si c’est une compagnie concurrente (je vous épargne le suspense : on le saura jamais). Il nous dit donc de descendre, et il va avertir son collègue (qui arrive dans un train en sens inverse) de ne pas contrôler nos tickets.

On descend.

On est les seuls dans la station de train, qui fait plus métro désaffecté que station de train fréquemment utilisée.

Oui, on voit un traversier pas trop loin, mais bon, il n’y a pas d’indications. D’ailleurs, l’autre train arrive, et notre carte indique qu’il y a des traversiers là où le monsieur le dit.

On embarque. On vient de perdre une heure. Bah, pas pressé, on a tout notre temps (ah ouais?).

Train.

Débarque à la « bonne » station. C’est hyper facile de marcher jusqu’au traversier de la compagnie publique de train italien.

On embarque dans le traversier. Qui est de type « fermé ». Moi qui voulait voir à 360 degré le fameux détroit de Messine, me voilà confiné dans le sous-sol du bateau « jet », avec une seule fenêtre.

La dernière fois que j’étais dans cette exacte position, dans ce presque exacte type de bateau, c’était pour me rendre à Koh Tao. J’y avais vomi mes tripes, mes viscères, mes poils pubiens (parce que j’étais très mal (ayez pas peur, il y a là un jeu de mots)) et même un noyau d’olive que j’avais avalé par le nez à l’âge de 8 ans (on fait tous des expérience weird étant jeune : moi, me rentrer des noyaux d’olives par le nez, c’était la mienne. Coché! »).

Mais non, miracle : tout se passe bien. Faut dire que le bateau jet a pas vraiment le temps d’accélérer, entre Reggio et Messine. C’est genre 2 ou 3 kilo de large. L’entrée au port, de ce que je suis capable d’en voir, est magnifique.

On met les pieds en Sicile romaine. On se dirige vers la gare de train (non, on ne visite pas Messine, faut faire des choix, même quand on part 11 mois). On achète le billet de train moitié moins cher, mais deux fois plus lent, pour se rendre à Taormine.

On a le temps, même si on a pris une heure de retard, et que l’on est parti à 11H30 de chez nous.

Je vais aux toilettes de la gare. Sol rouspète (pour la forme) en me disant que j’aurais pu y aller sur le bateau, comme elle, et que c’était gratuit.

Attend, sur le bateau, je me concentrais assez fort à tout garder en dedans de moi : hors de question d’ouvrir les vannes!

De toute façon, les toilettes de la gare de Messine sont gratuites. Ah!

Une seule des 4 portes est ouverte. J’arrive pour entrer, mais il y a un bel étron sur la chaise de la toilette. Un air de métro de Paris me revient.

Je recule, mais les trois autres portes sont fermées (je les ai testées). Merde… J’ai très envie. Je me résigne à devoir pisser debout (c’est quand même un avantage quelques fois) dans la première toilette dégeu.

Mais alors une des trois portes s’ouvre. Un homme en sort en me regardant un peu trop lourdement.

Tant pis, j’ai envie de pipi.

Je rentre et ferme la porte. Dans le bol de toilette, une seringue s’y baigne.

Joie.

Je pisse en me disant que finalement, pas visiter Messine, c’est peut-être un mal pour un bien.

Monte dans le train avec Sol.

Le train part.

Elle envoie un texto à notre hôte AirBandB pour dire à quelle heure exactement on arrive à la gare de train.

Le train roule.

Au bout d’une demi-heure, Sol s’aperçoit qu’elle n’a plus accès à internet. Son Tim la lâche (de toute façon, Tim, moi, je l’avais jamais vraiment aimé…).

Hum. On ne peut plus communiquer avec notre hôtesse. Or, elle travaille ce soir et il fallait entrer en contact avec son mari.

Mais bon, on a l’adresse, on va se petit débrouiller.

On arrive à la station de train.

Le train arrête. J’appuie sur le bouton. La porte n’ouvre pas. J’appuie derechef. Rien.

Il y a deux poignés très rouges sur les portes. Sol les saisit à pleines mains. Moi je lui dis de pas toucher ça (sérieusement, des poignées très rouge, ça vous ne fait pas penser à l’arrêt d’urgence dans tous les métros, trains avions et vélo du monde?)!

Un couple d’anglais qui veulent aussi débarquer nous tassent et prennent les poignées bien en main (je ne me tanne pas d’écrire ce blogue plein de mots de jeu). Le monsieur tire autant qu’il peut, rien à faire!

Puis, les 4 on court vers une autre sortie, notre porte étant visiblement défectueuse.

On se rend à une autre porte, mais le train recommence à tressaillir (mais il ne bouge pas encore). Le monsieur refait une tentative, crie, mais rien à faire. Des Italiens crient à leur tour par la fenêtre pour avertir la contrôleuse du train (qui est sur le quai), mais c’est trop tard. Le train retard, et nous avec.

Des passagers nous aident à entrer en contact avec la contrôleuse du train. Elle nous explique que l’on va devoir descendre deux arrêts plus loin, et prendre le train dans l’autre sens (gros déjà vu ici).

Merde. Oui, on a tout notre temps, mais il commence à se faire tard, étant donné notre heure de départ.

Mais que faire d’autre?

On descend à la dite station, mais la contrôleuse de train ne résiste pas à nous faire une démonstration, d’ailleurs imparfaite, de comment ouvrir ces portes (tirer puis tasser). Pourquoi étions-nous sur le seul train de l’Italie à ne pas fonctionner avec des boutons?

Le train dans l’autre sens va arriver dans 40 minutes.

Bon bon.

Mais là, Sol, qui n’aime pas arriver en retard, capote un peu : on ne peut pas rejoindre nos hôtes! On était dans un train qui arrivait à une heure fixe et là, on va y arriver genre une heure plus tard! Sol tente de rétablir son internet en utilisant tous les trucs de Sorcière informatique qu’elle connait, rien à faire. On a perdu Tim à jamais (bien fait!).

En fait, c’est une heure et demi plus tard qu’on arrive, parce que ce dernier train a 30 minutes de retard.

C’est donc à la nuit tombée que l’on finit par mettre les pieds à la gare de Taormine.

Bon, rappelez-vous que Taormine, comme toutes les villes qu’on a fait depuis Pompéi (et même un peu Pompéi), est juchée dans la falaise, haute de 300 mètres genre!

Et que ce coup-ci, on y habite dedans, directement dans la vielle ville même!

Pas question de se farcir 300 mètres (et 4 kilomètres) avec nos sacs, dans le noir, avec la fatigue accumulée.

On prend le bus.

Qui nous amène directe au centre de la vielle ville.

De là, on marche vers notre « maison ».

On a même des photos pour se diriger.

Mais les photos sont prises pour donner le chemin à des automobilistes, et elles sont prise de jour.

Nous, on est à pied et de nuit.

Malgré cela, Sol réussit à voir (critique en Perception) la plaque de la rue où l’on va. Mais la plaque est sur un escalier de pierre, assez haut merci l’escalier il est.

On grimpe. Mais ce faisant, on déroge aux coordonnées de Monsieur Mapme (une application de carte avec position GPS hors ligne).

On grimpe toujours.

Sol voit le numéro 4. Puis le 6. Mais pas de 8. À la place, une (autre) volée de marche assez étroite qui a l’air de mener chez pas où. Et l’escalier principal continu. Je grimpe l’escalier principal à la recherche du 8. Il est haut en chien, et quand il tourne, l’escalier, ben il continu de monter. Vive les villes à flanc de montagnes.

On redescend.

On continu sur la route à la recherche d’une église qui figure sur l’une des photos de notre hôtesse (en fait, on vient tout juste de la dépasser lorsqu’on regarde cette image d’église).

On ne trouve pas.

On est perdus, fatigués, il fait noir, et on n’a pas d’internet.

Même si on avait trouvé la maison, il aurait fallu quand même trouver Internet : l’hôtesse travaille!

C’est ce que Sol décide de faire en entrant dans le premier hôtel venu (en fait, un hôtel de haut luxe).

Le réceptionniste est hyper gentil. Il appelle pour nous notre hôtesse. Cela ne répond pas… Il recommence. Il ne veut pas nous laisser tomber. C’est comme une responsabilité qu’il a en tant qu’hôtelier, que tous les hôteliers soient responsables du bon séjour de ses clients.

On espère juste qu’il ne va pas engeuler notre hôtesse : il en semble capable.

Elle finit par répondre! Hosannah!

Ils parlent en Italien.

Il raccroche. Le mari va venir nous chercher ici. Le maitre d’hôtel nous dit que l’on peut relaxer dans son (très luxueux) lobby (Sol a toujours eu des gouts de luxe : tout le monde fait alors instantanément et directement le lien entre moi et son gout de luxe).

Pendant l’attente, on engage la conversation.

Clinton, c’est le prénom du gentil monsieur, vient du Sri Lanka! On lui dit que l’on va bientôt là-bas! Lui aussi! Et il est de la capitale, et il sera là en même temps que nous!

Le monde est grand, petit et chaotique. Et on l’aime comme ça, le monde.

On s’échange des téléphones.

Il nous dit de prendre absolument contact avec son cousin « qui habite au Canada ». On se voit bien appeler son cousin du Canada : « Heu salut! Heu… Ton cousin qui travaille en Sicile et que tu n’as jamais vu de ta vie m’a dit de t’appeler… »

(…)

« Ben non, il n’a pas dit pourquoi. Heu, pour être gentil? »

(…)

« Non, non, je n’aime pas trop. Et toi, les jeux de rôles, tu aimes? »

(…)

« Le criquet, mais tu es fou, personne ne comprend les règles de ce jeu de fou! »

(… )

« Oui, ben c’est ça, bon vent toi aussi! »

Pour l’instant, c’est le seul échange un peu réel que je peux imaginer avec son cousin du Canada.

Bref.

Il est très gentil. On va peut-être se voir à Colombo (qui porte un autre nom mais que cela ne me tente pas de vérifier).

Le mari arrive (mais pas avant que notre Sri Lankais ait rappelé notre hôtesse pour dire que l’on attendait toujours…).

Il nous prend dans sa voiture.

On roule 50 mètres. Il fait demi-tour. On repasse devant l’hôtel. On revient sur nos pas.

Il arrête devant l’escalier de tantôt.

On le monte.

On arrive au numéro 6.

On prend le petit escalier étroit bien plonger dans la pénombre.

On arrive à une grille (même avec la photo de la maison, pas reconnue on aurait pu).

Et on est finalement arrivé à la maison. Minuscule, mais un peu médiévale, et très fonctionnelle.

Et il est 20H30. Cela fait neuf heures qu’on est sur la route… C’est trop, vachement trop. Mais bon, on a tout le temps, non?

Syl

PS : Bonne idée, P’pa, les pioches et les cordes pour visiter l’Italie!

PPS : Si vous êtes particulièrement gentils, on vous prend une série de photo pour bien illustrer dans quel cul-de-sac (très jolie et calme) on habite.

PPSS : Ce matin, je suis passé devant une vitrine qui m’a fait revivre un vieux film (italien en y repensant je crois) de Pinocchio. Pas en dessin animé, en « vrai ». Et la marionnette de Pinocchio m’a toujours fait peur (elle mesure un mètre, tout en bois brun, cheveux noir). Et là, je l’ai vu, dans une vitrine !!! Si vous êtes follement gentils, je vous la prends en photo. Quelqu’un a l’idée du titre du film?

 

Commentaires (9)

sol29 septembre 2017 à 5:34

Tim moi, je l’aimais bien. Et la… il est parti. Sniffff. Pas de boutique Tim avant notre prochain bond. Pas de bouée de secours pour acheter les billets de train, vérifier un horaire, trouver une géo-cache. Grosse peine d’amour!

Je l’avais dit que le numéro 8 devait être en haut de l’escalier sombre d’apparence maléfique mais bien sûr mon paladin n’a pas voulut aller voir… (Moi j’avais trop peur!)

Pierre29 septembre 2017 à 9:02

Comment ce fait-il que tu roules ton contact après seulement une rencontre ? Tu me diras le nom de son cousin au Sri Lankais, je lui ai peut-être déjà enseigné 😉

JF30 septembre 2017 à 2:27

Bon, je sais, je vais avoir l’air prétentieux. Je m’excuse d’avance. Un bon truc pour ne pas se tromper de gare, c’est de demander le nom et de l’écrire.

Franc2 octobre 2017 à 4:56

Avec l’expérience que vous avez, cette journée ressemblait plus à un voyage de débutant… 🙂
Une leçon s’impose : faut écouter Solange!!!

PS: un jour tu m’expliquera pourquoi le goût du luxe = Sylvain… j’la comprend pas 😉

Gilbert Laplante2 octobre 2017 à 5:41

Pour les films de Pinocchio, il a plusieurs possibilités, selon mes recherches:

-1911 : Pinocchio, film de Giulio Antamoro (Italie)
-1947 : Les Aventures de Pinocchio (Le avventure di Pinocchio), film italien de Giannetto Guardone.
-2002 : Pinocchio, film de et avec Roberto Benigni dans le rôle-titre, scénario de Vincenzo Cerami et Roberto Benigni.
-2008 : Pinocchio, un cœur de bois, téléfilm anglo-italien réalisé par Alberto Sironi, avec Robbie Kay (Pinocchio) et Bob Hoskins (Gepetto)

Fais ton choix.

pgluneau3 octobre 2017 à 5:00

Inculte, Gilbert!!! Il s’agit bien sûr, et j’en suis formel, de la télé-série de 1972 intitulée les Aventures de Pinnochio, avec la belle Gina Lollobrigida dans le rôle de la Fée bleue!!!

Et j’adore les commentaires de François et de Pierrot!! ;^)

Gilbert Laplante3 octobre 2017 à 5:23

Pierre Greg,

Sylvain parlait d’un FILM, pas d’une télé-série.

J’ai donc cherché des FILMS italiens.

Sabourin Micheline3 octobre 2017 à 9:20

Nul ne peut contester que Sylvain représente le luxe incarné . La preuve: il a déjà mangé quatre (4) fois chez Toqué la même semaine… Il a depuis épousé (je ne parle pas de Sol) la simplicité volontaire. Essayer de comprendre ce zèbre me laisse pantoise!

Franc3 octobre 2017 à 11:56

Au niveau de la nourriture, nul ne contestera ses excellents repas aux ingrédients plus luxueux les une des autres…

Laisser un commentaire

Votre commentaire


« «
» »