Le vélo dans les trains en Roumanie, toute une aventure… Un conte de Pépé Bouchard

Ouf, quel voyage de retour éprouvant. Je vous dis tout de suite les trains et le vélo en Roumanie ne vont pas, mais alors vraiment pas de pair.

Départ ce matin à 7:00 en autobus. Alors la c’est numéro un. Quatre heures de route entre Campeni et Oradea. Paysages superbes. Je ne m’attarderai pas trop sur le fait que le chauffeur a fumé cigarette sur cigarette tout le long du voyage. Assis dans la dernière rangée du bus, je ne le sentais pas trop.

J’étais bin déçu de ne pas pédaler cette montée. J’espère que JF et Coco ont bien tout mangé leurs croutes ce matin car elle monte et monte et monte ‘un brin’. Pas beaucoup de faux plats. La descente qui suit jusqu’à Stei quand à elle est sublime et leur fera apprécier la montée.

A Oradea, je descend d’autobus en espérant passer en gare immédiatement. Mais non, la gare n’est nul pars en vue du terminus d’autobus. Donc direction le centre ville afin de repérer le Touriste Info et de s’informer de la direction de la gare. Pas de bol, après plusieurs ronds dans le centre, je finis par m’informer dans une agence de tourisme (qui foisonnent dans cette ville) pour me faire dire que Oradea n’a pas de Touriste Information et qu’on ne peux me donner de carte…. Bon, mais la cocotte m’indique tout de même la direction de la gare.

J’y arrive donc vers 11:30. Mon train est à 17:00. Je tente d’échanger mon billet pour celui de l’express de 13:30 pour Bucareste. C’est indiqué sur le tableau. Ça serai drôlement mieux. Le temps de parcours est nettement meilleur que le 13 heures prévu avec mon billet et de plus c’est un direct. Aucun transfert comme pour mon billet. La cocotte au guichet ne comprend rien, elle ne fait que rigoler de tout ce que je dis/mime/dessine avec sa copine d’à coté et me baragouine plein de choses en roumain que je ne comprends pas. Bref elle ne m’aide pas un poil. Tans pis, je me rend donc sur le quai dans l’espoir de sauter en catimini dans le train et de soudoyer le contrôleur une fois le train parti. Bon avant que je ne puisse approcher le train, le contrôleur « Œil de Faucon » me voit de loin, me héle, me demande mon billet, le regarde et m’indique que ma destination est Bucarest et que cet express s’en vas a … Budapest. Merci Monsieur le gentil contrôleur pour cette petite clarification! Et soudain je comprend enfin tout ce que la cocotte au comptoir tentait de me dire et pourquoi elle rigolait tant avec sa copine… Je me résous donc a prendre le train de 17:00.

Retour en ville et chasse aux cadeaux pour passer le temps. Comme ma fille Romye fait de la gymnastique, (elle en mange en fait) je me dis que des gugus de gymnastiques au Logo de Nadia Comanechy sont de mise. On est en Roumanie après tout, le pays de la gymnastique… Je demande donc à plusieurs personnes. J’arrête dans deux ou trois magasins de sports. Et bien rien, nada. Y’ont jamais vu ou entendu parler de magasin de gymnastique… Vous vous imaginez que je leur ai pas demandé s’ils connaissaient Nadia et ou je pourrais la trouver pour avoir son autographe. Trop peur de la réponse. Bref apres midi perdu. J’achète des provisions pour mon voyage de train de 13 heures en deuxième classe (PCQ pas de vélo en 1ere) et je me dirige vers la gare.

En attendant le train, les directives de la pitoune qui m’a vendu les billets concernant mon vélo me viennent à l’esprit: « Dismembrare » qu’elle disait de on vélo, « Dismembrare ». Démontage?! Bon, donc je commence le processus de ‘dismenbrare’. Juste ce qu’il faut j’imagine pour pouvoir placer le vélo soit en bout de wagon soit dans le corridor dans un endroit ou il ne derangera pas. Donc je tourne le guidon et j’enlève les pédales. Quelques minutes suffisent et je commence à relaxer.

Bon le train arrive et je tente d’embarquer le vélo. Merde, il passe à peine par la porte. En bout de wagon, il fait très bien mais en diagonale seulement. C’est, comment dire, un peux dans le chemin. Reste le corridor, celui dans lequel on ne peux même pas se croiser deux de large. Gulp… Bon je tente quand même le vélo dans le corridor. Faut dire que moins les pédales et le guidon tourné, c’à l’aminci pas mal. Je l’attache au mur avec mes valeureux bungees afin qu’il ne tombe pas dans l’allée et je m’installe dans ma cabine de seconde (8 places) avec un vieux couple bien sympathique. Tout les passagés qui passent par là sont un peu surpris de voir un vélo dans ce train et passent des commentaires. C’est certain qu’ils le remarquent puisqu’il faut se contorsionner un peu pour le contourner et que si on a des valises, faut les soulever par dessus car elle ne passent pas sinon. Je sais pas si vous vous imaginez comment je commence a me sentir en ce moment. Bon, je laisse venir. Peut être le contrôleur y vas pas s’en rendre compte.

Quelque minutes plus tard, y’en a trois (des contrôleurs) qui débarquent dans la cabine (le train roule, c’est déjà ca), un peu en panique et demandent en Roumain à qui appartient le vélo. Bon, comme je m’étais déjà préparé au préalable en entamant la conversation avec le petit couple en leur expliquant ma situation et en leur montrant des photos de Romye et Charlotte et en leur disant que mes deux filles s’ennuyaient beaucoup de leur papa qui doit PRENDRE L’AVION DEMAIN à Bucarest, le petite dame prends immédiatement ma défense. Ouf…. Elle explique que j’avais bien précisé lors de l’achat de mon billet que j’avais ce vélo et qu’on m’a dit que si je le ‘dismembrarais’ je serais OK. Je souligne aussi que le mot « corridor » à aussi fait parti de la conversation. Je fait un peu le con (pas trop difficile) et les trois contrôleuses (C’étaient des cocottes je vous l’ai dis?) lâchent finalement prise. Victoire! Elles ne reviendront donc pas à la charge, mon niveau de stress redescend et je peux maintenant entreprendre mon voyage en paix.

A l’arrêt suivant (10 minutes plus tard), je remarque que les 3 contrôleuses quittent le train et qu’une autre les remplace. Shit. Ma pression remonte encore. Le train pars à rouler, c’est déjà ca de fait. Et la nouvelle contrôleuse débarque dans la cabine. Cette fois pas de chipotage, elle me fait bien comprendre que le vélo dans le corridor, c’est interdit et que si je désire rester dans le train, le vélo doit être sur la tablette par dessus les sièges avec les autres bagages. Elle m’indique aussi en passant que c’est contre le règlement d’être en pied de bas dans le train et attends que j’ai remis mes souliers avant de partir. Elle ne parlait un seul mot d’anglais, mais j’ai malgré tout bien comprit. Cherchez a comprendre…

Donc la fameuse tablette. Elle fait environ 12-14 ponces de profondeur. Seulement que les roues de mon vélo en font 26″ de diamètre. Rien comme un peu de pression pour aider à relever un défi. Commence donc cette fois-ci le vrai processus de « dismembrare » avec ma clé à molette, ma clé Allen de 6mm et mon fidèle couteau Sylvain-a-pu-le-droit-de-le-toucher-car-il-va-sérieusement-se-blesser-ou-même-mourir Letherman. Bon le siège débarque, le guidons débarquent ainsi que tout les câbles. Les deux roues et le quick release que je dois aussi enlever afin de réussir a glisser une roue de chaque coté de la porte de la cabine entre le bout des sièges et le mur. Il ne me reste que le cadre avec le pédalier, les dérailleurs arrière et avant et le rack a sacoches.

Il ne fait toujours pas sur la tablette. Trop large et il ne cesse de basculer vers l’avant. La prochaine station arrive et mon vélo n’est toujours pas sur la tablette. Misère.

Je remercie en passant le petit couple de bien vouloir endurer que leur petit univers soit soudainement transforme en atelier de vélo. Mais ils ont vu les photos de mes filles et sont maintenant sympathiques à ma cause (Elles sont terriblement cutes mes filles.) même si je soupçonne qu’ils me trouvent un peu con.

Donc le cadre ne fait pas sur la tablette et la prochaine station arrive a grands pas… En désespoir de cause, je tente une dernière option: je prend le cadre, le plaque contre le mur de la cabine en bout de siège (juste au dessus d’une de mes roues) fourches vers le haut et le suspend SOUS la tablette par les fourches. La chaine et les dérailleurs sont tournés contre le mur et la graisse de la chaine cochonne le rideau de la cabine. Super, j’emballe donc le tout avec la serviette verte que coco m’a donné avant que la conductrice ne revienne. Je prend aussi soin de faire une belle boucle à mes lacets de souliers afin qu’elle ne trouve rien à redire de ce coté.

La conductrice revient. Je me pare de mon plus beau sourire. Elle passe la tête par la porte, regarde mon installation, constate que la dite installation rend presque inutilisable le siège du bout, me regarde retenir mon souffle, ne regarde pas mes souliers et….quitte. Yes!

Enfin la paix.

Trois ou quatre stations plus tard, la conductrice descend du train et est remplacée par un nouveau conducteur. Et ma pression qui remonte.

Mais bon, mon installation est impressionnante. CFR (Chemins de Fer Roumains) va surement patenter ca et dorénavant permettre les vélos dans leurs trains.

Avec tout ca, il est rendu pas loin de 10 heures du soir. La fatigue commence a se faire sentir. Miracle, le vieux couple se lève et quitte le wagon. Je peut donc finalement m’étendre de tout mon long sur 4 sièges (notez que je garde tout de même mes souliers, on sais jamais). Je soupçonne qu’à cette heure, il va pas y avoir trop de passagers qui vont embarquer. Donc une nuit de dodo raisonnable devant moi.

Cette fois-ci, c’est vraiment la paix.

Minuit, huit personnes ouvrent subitement la porte de ma cabine et tentent d’y entrer. Je me réveille en sursaut et m’accroche de tout mes doigts et orteils au plafond.. C’est la pagaille totale. En plus le corridor déborde de voyageurs qui gueulent et tentent de se grimper l’un sur l’autre. Mais d’où vient tout ce bordel de monde?

Les huit nouveaux occupants sont tout très surpris de voir un vélo dans la cabine. Surtout qu’il prend une place remarque l’un d’eux. Je m’impose immédiatement afin de minimiser les dégâts et leur assure qu’il n’en ai rien du tout et je m’assois fermement sur le siège sous mon cadre. Un peu recroquevillé, tout croche et encore groggy de mon réveil brutal.

Bon, je remarque que l’on est encore 9 dans une cabine de huit places. Ça prend le contrôleur (un nouveau, qui regarde mon vélo d’un drôle d’œil, et ma pression qui remonte encore) pour démêler ca. Deux des voyageurs sont dans le mauvais wagon. Ouf, donc sept personnes et un vélo pour 8 sièges. Ça marche. On (enfin moi) espère que le huitième vas pas embarquer au prochaine arrêt. La bonne nouvelle c’est que 4 sont des étudiants de première en route pour la mer noire. Il sont très sympathiques et ne se formalisent pas (trop) du vélo du tout et sont très intéresse è me faire la conversation et à me faire le bienvenus. Je ne sors pas les photos de Romye et Charlotte. Dans ce cas-ci, j’en déduis que ce n’est pas la bonne tactique. On jase pas mal et les deux gars passent beaucoup de temps dans le corridor pour que je puisse avoir de la place pour dormir un peu. Ce que je n’arrive pas à faire.

On discute un peu de mon transfère dans le prochain train et ce que je compte faire concernant mon vélo « dismenbrare ». Quand l’un des étudiants voit le prochain train que je doit prendre (Ployesh-Buchareste), il me dit être content de ne pas être a ma place. Pardon?? Il m’explique que l’on est en semaine, que j’embarque sur un train de banlieu à 6:00 am au départ d’une zone ouvrière pour un voyage de 1 heure vers la capitale. Ce qu’il me décrit ressemble pas mal à la ligne verte un matin d’heure de pointe. Avec en bonus: le train le plus sale et bas de gamme de CFR et avec beaucoup de gypsy illégaux dans les wagons. Génial. Et moi je vais embarquer la dedans avec mon vélo et mes sacoches et un sérieux manque de sommeil. Ma pression qui remonte encore.

Il me donne des conseils: fonce, laisse toi pas intimider et surtout garde toutes tes chose à ta portée.

Joie…

Je quitte donc le premier train, remercie les étudiants qui m’ont aidés à remonter mon vélo, à descendre mes bagages et à me diriger vers le quai du prochain train. Celui-ci est d’avance et déjà en gare. Je décide donc d’embarquer d’avance et choisis le wagon de tête. Pas de réservations dans ce train on s’assoie ou l’on veux. Je m’assois avec mes sacoches en vue et mon vélo « remembrare » dans le milieu de l’allée parce que à l’instar de l’autre train, il n’y a pas de place pour un vélo. Un mec y est déjà. Dès qu’il me voit, il se lève, vient me voir, regarde mon vélo de haut en bas et de long en large et me dit de faire attention car mon vélo « vaut cher ». Il quitte le wagon me regardant et en se frottant le pouce et l’index. Ma pression monte encore plus.

Les wagon est insalubre. En dedans de quinze minutes, le wagon se rempli, heureusement pas à bloc comme je le croyais mais avec toutes sorte d’individus qui au point ou j’en suis je trouve tous louches. Rien comme une saine paranoïa pour te réveiller son homme. Il est 7 heures et ca fait 24 heures que j’ai pas vraiment dormis. J’ai tout les sens en éveil, je m’accroche à mon vélo et à mes bagages de toutes mes forces et j’ai vraiment hâte que ce voyage se termine. Oui, y’a des Roms, des ouvriers, certains qui on l’air de bum, d’autre moins, certain des types mallettes et d’autres des types coffre à outils. Y’en a aussi plusieurs qui fument. Y’en a une qui a pris bien soin de bien nettoyer son siège et le pourtour de la fenêtre avec une serviette humide avant de s’asseoir.

Mais bon, rien d’inhabituel sauf peut être un Canadien qui a l’air sur le bord de la panique et prêt a s’évanouir.

Un fait cocasse, les contrôleurs dans ce train sont tous des hommes genre lutteurs olympique Roumain, l’air louche (évidement) et ils débarquent a 6 ou 7 pour controller toute cette racaille. Alors quand l’un d’eux arrive à moi et regarde mon vélo dans le milieu de l’allée, inutile de dire que ma pression à encore une fois augmentée d’un cran. Mais ca a passé. Je crois qu’il a eu pitié de moi. Je vous passe les détails de comment j’ai réussi à débarquer tout mon stuff quand tout le monde s’est jeté vers les portes.

Après tout ca, j’arrive finalement à Bucarest sain et sauf, avec tout mon équipement mais avec quelque points de sante mentales en moins.

Fraid Bouchard

Commentaires (3)

sol4 août 2011 à 6:29 pm

Ouf! Toute une aventure! Tu avais pourtant l’air en pleine forme à Montréal.
Sylvain, j’ai aucune idée comment tu t’en serais sorti, surtout sans couteau-dont-tu-as-plus-le-droit-de-te-servir-du-tout.
oxo

Popa4 août 2011 à 9:45 pm

Excellent reportage…. qui ferait un bon topo dans vélo Québec.
Si l’on met bout à bout tout ce qui c’est écrit depuis cette aventure en Roumanie et surtout les vidéos « prêchant » la « qualité » des routes…cela sera la « FIN » du Vélo Touriste Québecois en Roumanie……Foi de Popa
Aller Popa on s’en va.

PG Luneau5 août 2011 à 12:25 am

Fred, j’espère qu’après tout ça, tu as prévu un petit rendez-vous avec ton cardiologue… ou, du moins, un séjour de deux semaines intensives dans un spa avec massages et relaxations obligatoires?? C’est pas élastique, une pression, tu sais!!


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